A purple glistener - Liquid head in Tokyo

Alien Sex Fiend

par Chtif le 22/05/2006

Note: 7.0     
Morceaux qui Tuent
I am a product


Ce Dvd est l'objet idéal pour faire fuir des amis envahissants en fin de soirée. Deux concerts d'Alien Sex Fiend à leurs débuts, voilà de quoi vaincre l'obstination des invités les plus acharnés.

Premier concert à Birmingham en 1983. Nik Fiend semble avoir bouffé un cimetière derrière son maquillage blafard (Marilyn Manson n'a eu qu'à pomper). Il ne sait pas chanter, mais se déchire la gorge avec conviction. Le batteur, lui, est totalement à la masse. Ce qui n'est pas bien grave d'ailleurs, vu qu'on ne l'entend quasiment pas du concert, bien dissimulé (et deux ans plus tard complètement remplacé) par la boîte à rythme. Boîte à rythme vaguement gérée par la compagne de Nik, Mrs Fiend, qui n'a pas l'air au mieux, elle non plus. Seul le guitariste, stoïque, semble encore à peu près potable. A priori, pas de quoi casser trois pattes à un croque-mort, mais suffisamment en tout cas pour que tous les individus raisonnables aient déjà débarassé le plancher.

La suite se déguste seul, comme un bon film de zombies à l'italienne, et là, miracle, la sauce prend petit à petit. L'air de rien, les rythmes répétitifs et les guitares façon Cramps-Stooges remplissent bien leur office hypnotique. On s'engourdit progressivement, les yeux rivés sur l'image verdâtre, et les effets en sur-impressions à trois francs six sous, mais pas ridicules pour autant. C'est malsain,ça fait frissonner à l'occasion ("I am a product", petit trésor caché), mais c'est surtout pour rire. A l'instar de leur aîné légendaire, Alice Cooper, les Alien Sex Fiend sont restés de grands enfants, jouant aux gothiques sans se prendre les cheveux dans les toiles d'araignée. A noter que les tignasses pas possibles de l'époque valent à elles seules le coup d'oeil.

La deuxième partie est plus récente (1985), tournée à Tokyo dans un club bas de plafond devant des japonais que l'on aurait cru plus réservés. Le set, entrecoupé de courtes interviews, est mieux filmé, plus agité, mieux maîtrisé également (le batteur joue, cette fois). On en perd un peu le côté amateur qui faisait tout le charme "poétic-horrifique" du premier show. Mais c'est au profit d'une mise en valeur des qualités d'écriture du groupe (le single "Ignore the machine" en tête).

Précisons enfin qu'aucune substance louche n'a été sollicitée pour la rédaction de cet article. Dans le cas contraire, classer ce disque en "immortel" aurait paru tout à fait raisonnable.