USSR - The art of listening

DJ Vadim

par Alexandre Leroy le 30/12/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
It's on
L'art d'écouter


Dj Vadim est un artiste à part. Et l'écouter fait bien regretter qu'il soit si solitaire. Car Vadim Peare n'est pas qu'un producteur ou un Dj, c'est surtout un amoureux du vrai hip-hop, qui fustige le mainstream et assume ses positions. En guerre contre les majors, contre le hip-"pop" et les refrains r'n'b (il a fondé le "Stop r'n'b killing hip-hop movement"), Vadim sait afficher sa différence, tant au niveau musical que business (son label Jazz Fudge distribue ses album en Europe avant les États-Unis !!). Il revient aujourd'hui avec "USSR - The art of listening", quatrième album, après "USSR Repertoire" en 1992, "USSR reconstruction" (1993) et "USSR : Life from the other side" (1999). Le moins que l'on puisse dire est que cet album incarne parfaitement sa conception du hip-hop, au niveau des beats d'abord, on ne peu plus éclectiques (des violons, des portes qui claquent, des flûtes japonaises, des djembés, des marteaux piqueurs...?!), Vadim n'a peur de rien, on était prévenu. Mais Vadim ensuite ne se limite pas à les assembler bout à bout, il en fait de véritables compositions musicales rythmées et plaisantes, travaillées à l'extrême (changement de beat en cours de titre, silence total concluant une mesure...). Quant aux artistes qui posent sur ces petites perles, ils sont eux aussi très variés : des rappeurs underground américains (Slug, Gift of Gab, Moshun Man, Vakill...), des Mc anglais comme Taskforce et Phi Life Cypher (déjà remarqué sur l'album des DSP), le jazz man polonais Urzula Dudziak (auquel A Tribe Called Quest doit bon nombre de ses samples), sans oublier les français de TTC pour qui Vadim avait produit le morceau "De pauvres riches" sur leur album "Ceci n'est pas un disque" en 2002. La diversité et l'expérimentation sont essentielles pour Vadim, c'est pourquoi écouter "USSR - The art of listening" permet de tester du ragga sur une prod éléctro ("Who me" feat. Demolition Man), de découvrir le mélange de la harpe, de la clarinette et des platines ("The harp song") ou encore d'apprécier la performance de la chanteuse Yarah Bravo, accompagnée d'un piano et d'un djembé ("The pacifist", digne successeur de "Your revolution" (feat. Sarah Jones), titre du précédent album, tout bonnement censuré des radios américaines pour paroles obscènes, qui en fait, ne faisaient que parodier la vulgarité du hip-hop commercial). Cet album est ce qu'on peut faire de mieux pour se soigner du mainstream, sa richesse, sa complexité et son originalité en font une référence.