Motörhead - La fièvre de la ligne blanche (avec Janiss Garza)

Lemmy Kilmister

par Philippe De Guilhermier le 23/08/2005

Note: 8.0    

En cette époque du culte de l'athlète, du retour de l'autorité et autres bonnes vieilles valeurs morales frelatées, il est salutaire de lire cette autobiographie de Ian Fraser Kilmister alias Lemmy, le leader de Motörhead. Lemmy, avec son allure de barbare, ses poireaux plein la figure, sa légendaire résistance aux abus de toutes sortes et ses bagouzes têtes de mort, est une des plus sympathiques figures du monde du rock. Il est même pour beaucoup le rocker ultime. Refus de tout plan de carrière, de toute compromission et surtout une fidélité sans bornes au vieil adage "sex, drugs and rock'n'roll", voila ce qui caractérise l'existence frénétique de ce bassiste chanteur qui, à l'approche de la soixantaine, reste le personnage insoumis et incontrôlable qu'il a toujours été.

C'est dans le but avoué de séduire ses contemporaines que Lemmy a appris tout jeune la guitare et s'est dévoué à la musique. D'abord activiste du rock anglais avec les Rocking Vicars dans les sixties, il fut par la suite roadie de Jimi Hendrix, bassiste des freaks hallucinés d'Hawkwind, et surtout fondateur en 1975 du furieux Motörhead (toujours en activité) qui réconcilia punks et hard rockers et influença durablement les metalleux de tous poils. Lemmy émaille son récit de réflexions cocasses et bien senties sur ses confrères rockers et le "rock'n'roll way of life". Il ne manque pas par exemple de tenir des propos totalement démystificateurs sur la période hippie (pas si tolérante que ça, voir l’épisode avec sa petite amie black de l’époque à qui le livre est dédié) ou de se livrer à une étrange et hilarante diatribe contre les légumes - "ces merdes ne sont même pas saines" - et les végétariens (Lemmy a le bon goût de rappeler qu’Hitler en était un). A l’inverse, il vante sans arrêt et avec humour les outrances en tout genre propres à la vie d’un groupe de rock en tournée (le refrain d'une chanson bien connue de Mötörhead "Teenage, backstage, sex and outrage" les illustre d'ailleurs assez bien) mais recommande cependant son mode de vie à personne parce "il tuerait n’importe qui". Chose importante, il rappelle que la fonction première du rock’n’roll est bien "de faire chier les parents" et exprime longuement et avec pertinence son aversion pour le "music business".

Quelqu’un qui avoue également ne pas vouloir apprendre à conduire pour ne pas réduire sa consommation d’alcool ne peut pas être foncièrement mauvais. Loin d'être un adepte de la vie saine, on s'en doute, il raconte qu'un médecin horrifié par tant d'excès lui avait affirmé que son sang n'avait rien d'humain et qu'il aurait dû être mort depuis longtemps. Jamais avare de bons mots, Lemmy aime répéter qu'il se sent "terriblement vivant". Il n'y a donc qu'à lire cette amusante et passionnante autobiographie pour s'en convaincre.