Avec
sa tête de pasteur jovial, l'Écossais Matt McGill déroule un folk
traditionnel un rien aride, pendant masculin d'une Ann Briggs.
Démarrée en 1959, sa carrière connait un premier coup de
projecteur à la suite de sa rencontre en 1961 avec Pete
Seeger, alors en tournée en Angleterre. L'Américain impressionné
par son travail devient son ami, le fait venir aux États-Unis et le
met à l'affiche d'un de ses concerts au Carnegie Hall, où son nom
se retrouve sur l'affiche plus haut qu'un certain... Bob Dylan qui ouvre
la soirée. Vertige pour le barde des Highlands !
Fidèle à
une certaine tradition politique du folk anglais de l'époque, McGinn
a pris particulièrement à son compte les manifestations/répressions
contre les fusées Polaris, épisode aigu de la guerre froide du
début des 60's. En 1966 fort de sa notoriété Matt McGinn
connait un second moment de gloire lorsqu'il quitte Folkways et signe
sur le plus en vogue label Transatlantic. Il y enregistrera quatre
albums. Un folk dépouillé, à l'os, accompagné de manière
spartiate d'un accordéon, d'une mandoline ou d'une guitare (le futur
Incredible String Band Robin Williamson à ses débuts notamment).
Une
musique toujours aussi vivante, à découvrir. Les amateurs de
chansons engagées y trouveront à distance une sorte d'ancêtre d'un
Billy Bragg.