The Zodiac cosmic sounds - Celestial counterpoints with words and music

Mort Garson (and The Wrecking Crew)

par Francois Branchon le 01/03/2018

Note: 10.0     

A première vue, on se demande d’où peut bien provenir cet ovni atterri en 1967 sur le catalogue Elektra, alors fleuron des labels pop-rock & folk américains. Car The Zodiac cosmic sounds avec ses douze titres célébrant chaque signe du zodiaque n’inspire que circonspection et laisse même craindre le pire. Sans nom de groupe, ni d’artistes, s'agit-il d'une compilation d'ambiance électronico-psychédélique de plus ? Et cette prescription en lettres pourpres au dos de la pochette : Must be played loud in the dark. Bon...

On est en 67. Jac Holzman, le boss fondateur du label Elektra a déjà prouvé qu’il avait du nez, signé Judy Collins, Joni Mitchell et la crème de la nouvelle scène new-yorkaise – Fred Neil, Tom Paxton, Phil Ochs, Tim Buckley et Tom Rush pour son catalogue folk, Love, Butterfield Blues Band et les Doors pour le rock, sans oublier quelques extravagants weirdos dans l’air du temps, les Ecossais d'Incredible String Band ou David "marijuana" Peel...

Un des amis d'Holzman, Mort Garson, ahuri fanatique d'expérimentation rêve de faire un disque-trip. Ayant appris qu'un dénommé Robert Moog venait d'inventer une machine infernale révolutionnaire - qu'on appelle pas encore synthétiseur -, il fait des pieds et des mains pour se faire prêter par Moog un prototype. Holzman dit banco pour mettre en oeuvre le projet Zodiac. A L.A. en 67, on ose tout !

Le résultat final est baroque. Entre bidonnages électroniques, récitations prophétiques, vernis mystique et échos psychédéliques (on reconnait par ci par là des bribes connues, du "Waiting for the sun" des Doors, de la saga de Pooneil de l'Airplane, de Spirit, et d'autres encore...), le disque s'écoute comme la bande son californienne de l'époque, sorte de visite sonore de Laurel Canyon, mais sans que la moindre chansons ne donne l'envie d'y revenir.

Mais plus intéressants sont les musiciens qui jouent, car Jac Holzman et Mort Garson font appel à la Wrecking Crew.
Merci à la réédition de ce disque, qui nous permet pour la première fois de braquer nos projecteurs sur cet ensemble de musiciens hors pair, sans qui beaucoup de disques pop-rock américains de la fin des sixties n'auraient pas existé tels que nous les connaissons.

The Wrecking Crew gravite autour du batteur (de jazz) Hal Blaine, assistée de sa fidèle bassiste (de jazz) Carol Kaye. En cette année 67, sans que personne ne le sache (puisqu'ils n'étaient jamais crédités sur les pochettes) Blaine et Kaye ont déjà à leur actif une dizaine de hit singles ("He's a rebel" des Crystals, "Be my baby" des Ronettes, "These boots are made for walkin" de Nancy Sinatra, "Mrs. Robinson" de Simon & Garfunkel, "Surf city" de Jan & Dean, "I get around" des Beach Boys, "Eve of destruction" de Barry McGuire...). 
Mais surtout, ils sont les artisans de pas mal de LP de cette mid-sixties où les groupes étaient signés en masse, sans que leurs musiciens ne soient capables d'assurer en studio. Car il fallait que les disques sonnent, et on peut dire qu'ils sonnaient bien ces Mamas and Papas, ces Byrds ou ces Beach Boys !

Prenons "Pet sounds" : combien d'éxégèses et d'incorruptibles analyses ont encensé cet album au point d'en faire le meilleur disque pop de tous les temps. Brian Wilson était certes un génie, mais hormis les vocaux, aucun Beach Boy n'y joue la moindre note, au contraire d'un Wrecking Crew au grand complet qui se charge de tout. Hal Blaine a mis en forme, écrit des arrangements et Carol Kaye a imaginé ses gimmicks de basse (celui de "Good vibrations", c'est elle !).

Récemment, "Love and mercy", le biopic de Brian Wilson réalisé par Bill Pohlad en 2015 mentionnait Hal Blaine, lui restituant sa place historique.
Cet anecdotique Zodiac cosmic sounds ne vaut guère plus que la moyenne. Mais désireux
de rendre à César ce qui lui revient, on mettra 10 à cette réédition, en honneur du Wrecking Crew et de l'ensemble son oeuvre, ainsi que "Trésor caché" pour sa réalisation dans le plus total anonymat.





THE ZODIAC COSMIC SOUNDS Aries (1967 Audio seul)




CAROL KAYE STORY (Tv Usa 2008)



Quelques
oeuvres de The Wrecking Crew :