The dark side of the moon (par François B)

Pink Floyd

par Francois Branchon le 31/08/2003

Note: 3.0    

En 1973, Pink Floyd se range des bagnoles et prend le volant d'une compagnie d'autocars pullman, tout confort avec vue sur les cadrans colorés du conducteur. Après un "Piper at the gates of dawn" rouge sang, un "Saucerful of secrets" qui aura expédié dans les étoiles des milliers de fans aux pupilles dilatées, un "Ummagumma" rendant compte aux absents de l'altitude stratosphérique de leurs concerts (moins la partie électrique de "Atom heart mother" qui occupait généralement les deuxièmes parties de set), après la musique inaltérable et bucolique du film "More" (et sa suite ratée "Obscured by clouds" pour le film suivant de Barbet Schroeder "La vallée"), l'expérience avec Antonioni pour le premier film "américain" du maître ("Zabriskie point", où David Gilmour laissera aller sa verve blues, malheureusement non gardée dans le choix final) et enfin les plus ou moins bancals "Meddle" et "Atom heart mother", Roger Waters décida la fin de la récré cosmique et qu'il était temps de faire sérieusement fructifier tout ça. Ca tombe bien, les chaînes hi-fi stéréo se répandent dans les aparts des jeunes adultes et Pink Floyd va leur offrir un disque pour tester tous les réglages.

Vide et sans intérêt, "The dark side of the moon" est une suite de chansons aux mélodies fadasses, qui parfois démarrent joliment ("Time", "Us and them"), mais se gonflent vite d'arthrose à force de se bouffer la queue. La production jette ici les bases de la musique progressive côté blaireau (on est à l'opposé des riches King Crimson) : étirer sur un quart d'heure des morceaux prévus pour deux minutes. Sans s'attarder sur les quelques plans grotesques (des choeurs qu'on a envie de faire taire), on note juste que l'homme derrière les manettes se nomme Alan Parsons. Les Dieux ne seront pas chiens avec lui : à la fin des 70's il vendra par millions les disques les plus emmerdants de la Terre (une bouillie entre Mike Oldfield et Jean-Michel Jarre).

Comme il est bien connu, plus on met la barre bas, plus on a de chance de la franchir. C'est donc par millions que Pink Floyd va vendre son "œuvre". Mieux, le disque va battre tous les records aux États-Unis (des mois, des années même dans les charts !), jusque dans des États où l'on devait même ignorer que la musique pouvait être électrique.
Réédition soignée en SACD, mais sans bonus, pour les trente ans de la chose, et aujourd'hui encore, même cause même constat, "The dark side of the moon" est fait pour ceux qui achètent des disques pour écouter leur chaîne. (la note 5 paierait à peine honnêtement la marchandise mais ne prendrait pas en compte l'assassinat définitif de Barrett que ce disque porte en lui).