Born into trouble as the sparks fly upward

Silver Mount Zion Orchestra & the Tra-La-La Band

par Xavier Georges le 04/09/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Take this hands and throw them in the river
C'mon, COMEON


Ce sont trois membres de Godspeed You Black Emperor qui ont fondé A Silver Mount Zion Orchestra, rejoints par trois autres musiciens pour cet album et se renommer pour l'occasion Tra-La-La Band... Quelle ironie, quand on voit la jaquette et son ombre de corbeau sur fond rouge ! Le morceau d'ouverture vient confirmer cette vision et laisse une étrange mélancolie s'installer. Tout commence par des battements étouffés qui occupent progressivement l'espace pour laisser place à des violons gémissant sur près de neuf minutes. La durée est ici indissociable des sentiments qui sont alors exacerbés par la lenteur du rythme. S'enchaînent alors des morceaux où malgré une apparente quiétude, la douleur se montre de plus en plus présente. La tension d'abord sous-jacente est amplifiée par une guitare qui amorce chaque phrase de violons sur "Built then burnt". Les archets attaquent difficilement les cordes, refusant le destin qui est pourtant inéluctable. Après de longues minutes, ils s'énervent finalement. Les cordes saturent. Le rythme s'accélère (les battements du cœur aussi). La lenteur des premiers morceaux fait place à l'urgence. Les attaques des violons sont plus franches, plus décidées que jamais à affronter l'apocalyptique "Take this hands and throw them in the river". La violence à son paroxysme est sublimée par une voix totalement désincarnée qui crie son désespoir. A la fin de ce morceau épuisant, alors qu'aucun espoir n'est plus permis, un chant d'oiseaux annonce la seconde partie du voyage. On est apaisé par la suite. Est-ce le calme qui suit ou qui précède la tempête ? Qu'on ne s'y méprenne pas, les cordes sont tendues tout au long de cet album. Et chaque note est un pieu qui vient frapper directement le cœur. C'est sur quelques notes de piano répétitives et d'envolées de violoncelles que "Tho you are gone I still walk with you" va relancer la tension pour finalement déboucher sur le magistral "C'mon, COMEON". Dès la première seconde, on passe à une ambiance totalement différente, bien plus pesante, plus électrique aussi. Tout l'orchestre symphonique et électrique s'accorde pendant 8 minutes pour créer un univers noisy inquiétant. On y entend venir de très loin (annoncé à la trompette comme il se doit) le martèlement d'une horde de cavaliers qui déboulent, bien décidés à tout raser sur son passage, laissant place à un sentiment de vide. Le dernier morceau, qui est aussi le plus conventionnel, marque le désœuvrement que l'on peut ressentir après autant d'émotions. On est ici en présence d'un album magistral d'une cohérence redoutable. Tous les sentiments les plus sombres sont sollicités pour que l'auditeur ne soit plus tout à fait le même "après". Un rock symphonique dans la lignée de Godspeed You Black Emperor, avec des compositions longues et très finement produites ou aucun instrument n'est là par hasard. Et si c'était ça, l'avenir du rock ?