Truth - The Columbia recordings 1969-1970

The Flock

par Francois Branchon le 19/09/2017

Note: 8.0    
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Combien étaient-ils en 1969, après la déferlante des groupes de rock des années 67 et 68, ceux dont l'instrument principal était le violon ? Laissant de côté le folk-rock anglais à la Fairport Convention où il est nécessité, on ne se souvient que des Anglais East of Eden (Dave Arbus) et des Californiens Seatrain (Richard Greene). Chez d'autres, comme Zappa (Sugar Cane Harris et Jean-Luc Ponty) ou Third Ear Band (Dave Tomlin, Richard Coff) il n'est pas central, pas plus qu'il ne le sera quelques temps plus tard chez King Crimson et Roxy Music (Eddie Jobson), Electric Light Orchestra (Wilf Gibson) ou Jefferson Airplane/Hot Tuna (Papa John Creach).

The Flock est en ce sens un premier cas. Produisant de manière très surprenante pour des garçons de Chicago ayant débuté deux années plus tôt dans la pure tradition garage us 60's (The Exclusives), une musique extrêmement élaborée, cuivrée, mêlant de très nombreuses influences rock, blues, jazz et classique, The Flock marche là sur des platebandes tout juste tondues par Blood, Sweat & Tears et Chicago, deux groupes également de Chicago, en y ajoutant toutefois un sens du détail et de la recherche étourdissants.
Y a-t-il de la place pour un troisième larron lorsque deux sont déjà bien embarqués dans la notoriété ?
The Flock semble un cas désespéré.

Le groupe sera cependant très vite signé sur une major, grâce notamment au soutien de choix de John Mayall, qui, devenu fan inconditionnel après une affiche partagée en Angleterre en raconte partout monts et merveilles. La major qui les signe est... Columbia, chez qui sont déjà Blood, Sweat & Tears et Chicago... Bizarre...
L'explosion sera rapide. Le leader de Flock, Jerry Goodman, violoniste donc, et par ailleurs guitariste, compositeur et chanteur, autrement dit âme et cheville ouvrière du groupe, entre dans un plan de plus grande envergure de Clive Davis, le boss de la Columbia. Après deux albums réussis, une notoriété montante et des concerts excitants, Davis saborde The Flock pour intégrer Jerry Goodman au Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin (déjà grand groupe Columbia).

Durant sa courte vie, The Flock a donc publié deux albums, "The Flock" (1969) et le plus en avance sur son temps "Dinosaur swamps" (1971). Ils sont réédités ici, accompagnés de titres parus en singles, notamment "Clown part 1 & 2" sorti seulement en France en 1970 et "Tired of waiting"/"Store bought" (reprise des Kinks).
Leurs deux albums sont aussi riches l'un que l'autre, d'une complexité bien plus jégère que celle d'un Colosseum, et le feeling prend le plus souvent le pas sur la technicité. On garde cependant une préférence pour le premier, plus bucolique parfois ("Store bought, store sought").

Un grand groupe, éphémère malgré lui.



THE FLOCK Introduction/Clown (Live 1970)


THE FLOCK Tired of waiting (Audio seul 1969)


THE FLOCK Store bought, store sought (Audio seul 1969)