The Stone Poneys (feat. Linda Ronstadt) & Evergreen vol 2

The Stone Poneys

par Damien Berdot le 08/03/2010

Note: 6.9    
Morceaux qui Tuent
Just a little bit of rain
Train and the river
Evergreeen, part. 1

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C'est une bonne initiative de Raven que d'avoir réédité, en un seul disque, les deux premiers albums des Stone Poneys, en y incorporant des extraits du troisième. Ce trio, qui révéla Linda Ronstadt, appartenait au folk-rock californien, matrice excellente s'il en fut puisque c'est d'elle que sortirent les Byrds et Jefferson Airplane. Encore faut-il un élément accrocheur, du "grip", comme diraient les tennismen - le mieux étant évidemment d'avoir un Jorma Kaukonen !
Les deux guitariste des Poneys (Bob Kimmel à la rythmique et Kenny Edwards pour les parties solo) ne touchèrent jamais à la distorsion. Ils pouvaient cependant compter sur un outil expressif sûr avec la voix de Linda Ronstadt, mais celle-ci fut sous-mixée dans le premier album (le "Stone Poneys" de 1967) ou plutôt mixée à égalité avec celle de ses partenaires sur la plupart des morceaux, un peu à la façon de Peter, Paul & Mary. Il en résulte que les chansons les plus caractéristiques sont celles où elle chante seule, comme le très bon "2:10 train" de Tom Campbell et Linda Albertano (deux songwriters de la famille du folk-rock de L.A.), "Orion" du seul Campbell, et "Just a little bit of rain", une excellente reprise de Fred Neil (même la douze cordes et la guitare lead aquatique y sont), incontestablement la prestation la plus maîtrisée de Linda Ronstadt sur cet album. Dans "Wild about my lovin'", un blues traditionnel emporté chanté à trois, sa voix ne demande qu'à exploser... Deux compositions Kimmel/Edwards, chantées à plusieurs, montrent la voie que les Poneys auraient pu suivre : "All the beautiful things" vibre de belles guitares acoustiques ; "Train and the river" y ajoute des couplets lents, chantés en solo par les différents membres du groupe (celui de Ronstadt est magnifique). La pérennité des Stone Poneys fut paradoxalement ruinée par la montée en puissance de Linda Ronstadt.
Les gens de Capitol, souhaitant faire d'elle une vedette, demandèrent à Nik Venet de produire le deuxième album ("Evergreen, vol. 2", toujours de 1967) en conséquence. Plus guère de duos, en dehors de deux originaux Kimmel/Edwards, "Driftin'" et "Autumn afteroon", dont les arrangements de guitare sont des plus délicats. Ailleurs, les guitares folk ont été remplacées par un clavecin électrique et (ce qui est encore plus dommageable) des cordes, y compris sur le "Different drum" de Mike Nesmith, seul hit de la carrière des Poneys, pour lequel Venet fit appel exclusivement à des musiciens de session. On lui préférera "Evergreen", éclairé par la partie de sitar de Ken Edwards : dans la première partie, Edwards chante seul ; la seconde est instrumentale. Ces quelques éclairs mis à part, le deuxième album est bien moins consistant que le premier.
 
Le troisième album poursuit dans cette direction, signalée par son titre : "Linda Ronstadt, Stone Poneys and friends, vol. III" (1968). Les Poneys ne sont plus que des accompagnateurs... D'ailleurs, Edwards avait claqué la porte avant même le début des sessions ; et Kimmel l'imita en plein enregistrement. L'album donne l'impression d'un fourre-tout, ce qu'illustrent les quatre titres proposés dans cette compilation : une reprise de Laura Nyro accompagnée au piano, "Stoney end" ; une reprise de Tim Buckley, "Hobo" (pour "Morning glory") qui pâtit considérablement de la comparaison avec l'original (trop de cordes redondantes, et l'interprétation même de Ronstadt n'approche pas de celle, toute en nuances, de Buckley) ; enfin deux titres, dont on retiendra surtout "Some of Shelley's blues", tirant vers le country-rock et annonçant la suite de la carrière de Linda Ronstadt. Il est certain que sa voix, puissante, était bien plus adaptée à ce genre qu'à la pop du second album.