DAG

(Domancich, Avenel, DAG (Domancich, Avenel, Goubert)

par Sophie Chambon le 11/10/2006

Note: 9.0    

Sophia Domancich revient avec une belle actualité discographique. Et c'est peu dire qu'elle nous fait plaisir, car pour le coup, Dag est un coup réussi. La pianiste fait advenir avec ce nouveau groupe ce qui semblait oublié : un "classique" du piano-basse-batterie, qui reprend un chemin balisé en y découvrant des paysages originaux et des climats déroutants. Ce piano sensible, aventureux s'autorise une mélodie souterraine, obsédante par sa pulsion même ("Pour vous"), des répétitions qui débouchent sur une transe qui prend forme et sens. Sans doute faut-il savoir s'entourer.

Dag, ce nom tranchant correspond à la rencontre de Sophia Domancich et Simon Goubert avec Jean-Jacques Avenel. Trois musiciens que l'on ne présente plus, qui ont travaillé ensemble aux Sept Lézards, avec le flûtiste Michel Edelin et le saxophoniste Steve Potts. La famille du jazz s'agrandit d'un trio qui devrait faire date. Donc une triangulaire, mais gagnante cette fois, un équilibre parfait qui se repère dès la pochette, puisque chacun des musiciens a apporté trois compositions au groupe. Sans être un nouvel ensemble révolutionnant l'art du trio, ils créent ce qu'on n'a pas souvent l'occasion d'entendre.

Cet album se déguste délicatement, le piano de Sophia fait retour à Monk parfois ("Pourquoi pas?" , "Soliloques"), grande figure solitaire qui sut aussi bien s'entourer. L'intériorité mélancolique de la musique de Sophia Domancich demeure mais elle a trouvé des couleurs et même des élans nouveaux ("Rêve de singe") avec le drumming fort et subtil de Simon Goubert ("Somewhere we were"), et le boisé ferme de Jean-Jacques Avenel, qui nous prévient déjà, par un solo, d'une "Eclaircie" avant ce "Canoë", pour le final de l'album, surprenant même, plus léger, comme si le complice de Steve Lacy révélait une sérénité inconnue.