Se perdre : contre

Aether

par Emmanuel Durocher le 26/03/2005

Note: 8.0    

Voilà un disque qui risque de ne pas être facile à ranger dans sa discothèque si, comme certains disciples de Nick Hornby, on a décidé de classer les albums par genre. On se trouve en effet en présence d'un Objet Musical Non Identifié à mettre, peut-être, dans la catégorie post rock par facilité et pourtant la facilité n'est pas le premier qualificatif à employer à l'écoute des huit longues plages sonores de "Se perdre : contre". De plus, Aether cultive le mystère et aime embrouiller l'auditeur, inutile d'en dire plus sur le groupe (d'ailleurs en est-ce vraiment un ?) car à part la ténébreuse chanteuse Lidwine sur certains titres, on ne connaît pas les musiciens de ce projet mystique.

Aether est le mot latin pour l'éther, ce fluide qui remplissait, selon les Anciens, l'espace situé entre la Terre et les astres, il était impossible pour leurs esprits de concevoir l'existence du vide car cela revenait à nier celle de Dieu. La musique d'Aether n'aime pas le vide et cet album est donc un voyage dans la substance éthérée, sa composition musicale s'ouvre à nos oreilles : un mélange étonnant où chaque ingrédient paraît anodin mais l'alchimie prend sur la plupart des titres (parfois après plusieurs écoutes) : La voix très björkienne de Lidwine, des longues nappes atmosphériques, de l'harmonica, du free jazz, de l'électronica, des riffs de guitare entraînants (sur le très réussi "Sept nuances de blanc"), pas mal de Talk Talk, un peu d'Alpha et une pincée de Tortoise…

Tout n'est pas parfait cependant, la voix masculine mériterait d'être plus envoûtante, certains morceaux peuvent paraître un peu long, le mélange des genres un peu borderline a de quoi irriter et pourtant ne le fait pas, c'est plutôt le charme qui opère sans trop savoir pourquoi…