The pilot episode

Aidy

par Jérôme Florio le 31/08/2005

Note: 7.0    

C’est plutôt rare de nos jours, un anglais qui soigne davantage ses compositions que son look... Mais les jeunes pousses comme Adrian Killens (homme à tout faire de ce premier disque autoproduit), avec leurs moyens réduits en tout, sont noyés sous des tonnes de papelards flemmards trop souvent consacrés à des groupes surfaits qui récitent par cœur la "une" du NME (The Departure, The Bravery...).

La facture basique, carrément cheap, du disque d'Aidy ne joue certes pas dans la même catégorie que ces formations qui rivalisent de guitares acérées et excitées comme des puces, avec des breaks compliqués et dynamiques (Bloc Party, Franz Ferdinand, The Rapture...). A l'inverse, "The pilot episode" est au régime sec : batterie métronomique mid-tempo, parties de guitares qui vont au plus fonctionnel (rythmique plus riff dégraissé), chichement agrémenté de chœurs (femmes et enfants) ou de melodica. La construction rigide des morceaux laisse à Adrian Killens le loisir d'installer son phrasé traînant, un peu narcotique et narquois, teinté de Peter Perrett (The Only Ones), voire d'un Stuart Murdoch (Belle & Sebastian) en déprime – donc proche de Lou Reed...

Les chansons alternent saynètes d’un quotidien un peu gris et pochades surréalistes (l'arrivée des Martiens dans "They're coming"), racontées avec ce côté très anglais, détaché et ironique (le disque s'ouvre avec "The awful cliché"). Adrian Killens utilise des pédales d'effet avec un son brut, non retravaillé (flanger, wah-wah...), d'ailleurs "Jagstang" est une déclaration d'amour tordue à la guitare Fender du même nom, en filiation directe avec la "Fender Stratocaster" de Jonathan Richman.
Le manque de variété dans la production finit par se faire sentir, mais "The pilot episode" parvient clairement à imposer un ton et une écriture. Un épisode pilote qui, on l’espère, appellera une suite...