Il est
difficile de mettre un nom sur la musique jouée par Alabama 3, groupe de
Brixton créé en 1995 (le titre de son premier album est autant un hommage aux
Rolling Stones qu’à son quartier d’origine). Est-ce une fusion entre de la
country et de l’acid house comme le revendique ses membres ? On y décèle
aussi des traces de rock, de gospel, de hip-hop voire même de jazz.
Signé sur One
little Indian Records, un label connu pour ses expérimentations post-punk, Alabama
3 s’illustre par une musique foncièrement originale, sublimée par le talent
d’interprétation de son chanteur, le regretté Jack Black (décédé il y a
quelques mois) ainsi qu’un univers baroque, mêlant allégrement allusions
religieuses, culture populaire et satires politiques. "Exile on coldharbour lane" est donc un melting pot d’une grande partie de la musique du XXème siècle étalée sur douze morceaux. De virées champêtres teintées d’électro ("U don’t dans 2
tekno") à une démonstration de sampling ("Mao Tse Tung said"), le dépaysement est
total. Bien que tout ne soit pas irréprochable, le
disque fait preuve de cohérence et aligne quelques perles ("Converted", "Woke up
this morning", "The night we nearly got busted", "Sister Rosetta").
Le
groupe restera dans l’ombre du succès, l’effleurant à peine quand David Chase
utilisera "Woke up this Morning" comme bande originale de sa série "Les Soprano". Il est toujours aussi agréable de se plonger dans l’ambiance décapante de cet album, décidément en
marge de tout ce qu’on a pu entendre auparavant.