Didgeridoo project, i remember Miles

Alain Brunet

par Francois Branchon le 12/06/2006

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
River to the sea


Miles Davis est à la croisée d'anniversaires, il aurait eu quatre-vingts ans le 26 mai, et cela fera quinze ans qu'il s'est éteint le 28 septembre prochain. Nombreux sont les anciens disciples et musiciens - Marcus Miller, Wayne Shorter, Herbie Hancock, Kenny Garrett, Keith Jarrett, Dave Liebman, Chick Corea... - qui lui rendront hommage au fil des nombreux festivals de jazz français et européens de l'été. Parmi les hommages discographiques, on remarque ce "Didgeridoo project, i remember Miles" du Français Alain Brunet, enregistré avec le musicien australien aborigène Jowandi (photo en bas de chronique), virtuose du didgeridoo, cet instrument insolite, tronc d’eucalyptus évidé par les termites, dans lequel on souffle comme dans une longue trompe.

Brunet alterne reprises de Miles ("It's about that time", "In a silent way", "Jean-Pierre") et thèmes originaux signés de lui ("I remember Miles", "Vue sur jardin", "L'heure de la sieste"..) ou de Jowandi (merveilleux "River to the sea") sans qu'on le remarque vraiment, tant l'atmosphère crée par les deux souffleurs est enrobante, absorbante, la trompette très "Milesienne" de Brunet se mariant à la perfection aux graves exhalés du didgeridoo, dans de lointains et mystérieux évanouissements.

Lorsqu'on sait l'importance des silences dans la musique de Miles, leur "densité" même - particulièrement dans l'album "In a silent way" agencé avec Joe Zawinul et dont le thème est repris ici - on se plaît à imaginer ce qu'aurait donné une rencontre entre un Jowandi et un Miles - qui savait repérer les autres -, à ce qu'il aurait tiré du mystère et de la faculté de sculpter autour des silences du didgeridoo, lorsqu'il est utilisé sobrement et judicieusement. Une partie de la réponse est ici, grâce au passeur Alain Brunet (accompagné aussi de Jean-Jacques Taib au sax et clarinette, Manhu Roche à la batterie et Jean-Louis Dô aux percussions).