Furrowed brow

Alexander Tucker

par Emmanuel Durocher le 10/01/2007

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Saddest summer
You are many
Spout of light
Superherder


Alexander Tucker possède à son actif quelques collaborations éparses (Fuxa, Little Wet Horse, Duke Garwood, Sunn O) et ses compagnons de label Jackie O-Motherfucker qui évoluent dans le même registre de l'étrange) ainsi que la bande son d'une pièce pour la Tate Gallery mais il reste au fond de lui-même un solitaire, pas de site internet, pas de page sur Myspace et des disques solo enregistrés dans la plus grande confidentialité (un album éponyme en 2000 et "Old fog" en 2005).

Pour "Furrowed brow", pas de changement, Tucker fonctionne comme un homme-orchestre et joue de tout : guitares acoustiques et électriques, pédales d'effets en tous genres, mandoline, vibraphone, orgue Hammond… Les différentes couches sonores se superposent pour créer une musique poétique et psychédélique qui se compose principalement d'un folk pastoral avec des boucles sonores de fingerpicking acoustique qui se répètent presque à l'infini ou de post rock atmosphérique avec des nappes synthétiques aériennes en y ajoutant parfois comme sur "Superherder" ou "Panemaker doms" du drone doom, ce genre de métal qui sature à l'extrême les guitares électriques et les transforme en de lentes complaintes bourdonnantes ; on se retrouve avec des compos longues (sept morceaux pour quarante cinq minutes) et étirées mais aussi éthérées et célestes à la simplicité déroutante et la beauté surprenante. Les expérimentations peuvent être poussées assez loin, "Broken dome" s'aventure du côté de l'abstraction et même du free jazz, c'est peut-être là qu'on est le moins convaincu.

Avec ses chansons entêtantes et son univers sombre et mystérieux, Tucker, telle un arachnide prédateur, tisse sa toile de façon complètement aléatoire et asymétrique, mais elle entraîne dans un cercle vicieux dont il semble difficile d'échapper.