Translinear light

Alice Coltrane

par Sophie Chambon le 11/02/2005

Note: 8.0    

Un air de famille... Alice Coltrane a repris le chemin des studios après vingt-six ans d'absence, encouragée par son fils Ravi Coltrane, saxophoniste ténor et producteur de ce "Translinear light"' habilement nommé. Fidèle à son passé, elle retraverse le répertoire des spirituals, hymns et work songs, des ragas indiens, célébrant avec élégance l'union du jazz modal et des musiques orientales. Elle signe quelques compositions personnelles dont le titre éponyme, hommage explicite à son époux, le soleil noir de la galaxie jazz, dont elle reprend par ailleurs "Crescent" et "Leo". Ayant laissé la harpe pour le piano, les claviers et le piano Würlitzer, elle s'entoure d'anciens compagnons de route pour des duos avec Charlie Haden ("Triloka"), trios avec Jack DeJohnette ou Jeff Tain Watts("This train"), et quartets avec ses fils, Ravi bien sûr et à l'alto, l'autre, Oran le méconnu. Le résultat ? Une musique planante (nappes célestes des synthés dans le suave "Jagadishwar"), au petit parfum rétro avec le Wurlitzer 69 dans "This train". On se laissera enrober par les ondulations de phrases délicatement tramées autour du motif' ouvrant les yeux à cette lumière qui ne se veut ni brûlante, ni crue. L'heure est à la sérénité, l'embrasement a fait place à la sensualité, même si Alice Coltrane conserve par moment son jeu fougueux au piano avec des accords plaqués, en cascade. Sans vraie surprise, cet album s'écoute avec plaisir, déroulant sur plus d'une heure une musique calme et voluptueuse, un luxe à notre époque trouble. Abandonnant transe et trop grande ferveur, le message passe en douceur. L'héritage coltranien se transmet, la mystique demeure.