Saints and sinners

All Saints

par Christian Tranchier le 17/12/2000

Note: 5.0    

Dans tout phénomène de mode, il existe l’original et les ersatz : Madonna et Cindy Lauper, Britney Spears et Christina Aguilera, les Spice Girls et les All Saints. Ces dernières ne déméritent pas dans cette rivalité avec des chansons telles que "Never ever" et "Where it’s at" de leur premier album ; chansons qui leur ont assuré un squat permanent des sommets des charts anglais. Elles se sont positionnées en tant qu’alternative (certains se poseront des questions quant à l’utilisation abusive et superlative de ce terme) des fameuses Spice Girls. Les All Saints, opportunément engouffrées dans la brèche des girls bands-girl power, ont su tirer leur épingle du jeu. Sans toutefois connaître la consécration américaine de leurs consœurs. Hasard ou coïncidence du calendrier, elles sortent "Saints and sinners" quasiment en même temps que le "Forever" des Spice. Avec une réputation et une dorure quelque peu ternies par leur infructueuse collaboration cinématographique dans "Honest" (réalisé par Dave Stewart de Eurythmics), il n’est pas sûr que "Saints and sinners" redore leur blason. En effet, peu de chansons se détachent de la volonté d’imiter la new soul R'n’B si prisée aux USA et d’y injecter une dose de pop. Peut-être que cette sensation d’uniformité est renforcée par les voix si acidulées et monocordes où aucune n’est mise en valeur. Au milieu de ce gâchis, seules les productions de William Orbit, décidément très habile dans les compromis, rayonnent : "Pure shores" (BO du film "La plage") et "Black coffee" sont des friandises irrésistibles que l’on savoure honteusement (deux titres par ailleurs sortis en singles, pas folles les guêpes). La guitare latino-acoustique de "Distance", le son néo-disco de "Whoopin’over you" remuent mollement une sauce empâtée et sans piment. Elles ont l’air de franchement s’ennuyer et de somnoler tout au long de ces compositions indolentes et poussives par endroits. La moindre des choses dans cette catégorie à charts est une efficacité minimum du côté des mélodies (façon Kylie Minogue période Stock-Aitken et Waterman). Comble du comble, les All Saints ne parviennent pas à satisfaire l’ado boutonneux qui sommeille en chacun (?) de nous. Au moins, Britney Spears possède ce savoir-faire. Sous prétexte d’un médiocre album des Spice Girls, il faudrait se contenter d’un tout juste convenable All Saints ? On les aurait préféré plus "sinners" que "saints".