Live in New York

Archie Shepp & Roswell Rudd

par Sophie Chambon le 23/03/2001

Note: 6.0    

Quintette reconstitué après trente ans, ce "Live in New York" célèbre les retrouvailles du tromboniste Roswell Rudd et du ténor Archie Shepp, soulignées par l'intervention de Amiri Baraka, figure emblématique du free jazz et du Black Power, qui commente régulièrement les morceaux. Il intervient en particulier dans "We are all the blues", où il nous assène son black preaching, en martelant ses imprécations un peu lourdement ! Il signait autrefois ses textes poétiques sous le nom de Leroy Jones, au temps du plus acharné militantisme ! Avec une rythmique intense, et encore musclée (Reggie Workman, Andrew Cyrille), les amis d'hier qui formaient cette passionnante aventure du free, tentent de revenir sur le devant de la scène. Mais les héros sont tout de même un peu fatigués. Il faut attendre longtemps pour que cela décolle ! Est-ce vraiment plus qu'un simple revival, la mémoire étant fixée sur l'enregistrement historique de Donaueschingen en 67 ? Ce n'est plus l'heure de l'exaltation et des luttes militantes. Les accents free paraissent égarés ou alors bien assimilés dans l'album: dix morceaux au total, qui soulignent certaines influences historiques auxquelles ces musiciens ont toujours été fidèles : le blues fondateur, les fanfares de New-Orleans. C'est en effet le résultat d'une combinaison moins orthodoxe d'instruments que l'on entend: rarement en effet deux trombones et un sax constituent les trois voix indispensables en première ligne d'un groupe de jazz. La plupart des compositions et arrangements sont de Roswell Rudd devenu co-leader dans cette reformation. Avec Archie Shepp, il chante (on aurait pu éviter les voix de vieux crooners) et joue également du piano. On retrouve cependant cette liberté individuelle de chacun au sein d'un collectif. Mais d'où vient que ce quintette ait perdu la puissance inouïe, l'excitation de ce souffle pluriel ? On vous l'a dit: les hommes sont toujours là, ils ont fait l'histoire, ils s'inscrivent à présent dans une tradition mais sont-ils encore d'actualité ?