You all look the same to me

Archive

par Oli le 11/03/2002

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Again


Chaque seconde de "You all look the same to me" est précieuse, chaque minute regorge de richesses sonores, chaque titre est un diamant aux multiples facettes et c'est lui qui nous travaille. Quand on s'y plonge, on en sort difficilement... Archive a choisi de nous propulser dans son univers par "Again", un monstre de plus de seize minutes. Un arpège à sa naissance, une voix chaude, une légère mélodie, des petites notes, un refrain, une nappe de synthé et les premiers échos "Again, again, again" lancent le titre. Un harmonica déchire l'ambiance, lancinante, la mélopée se poursuit, les violons surgissent, se surimposent, suivis par une basse qui pourrait être tenue par Roger Waters, la tension monte et c'est elle, la basse, qui fait basculer le titre, change le tempo, l'atmosphère floydienne s'installe, ensorcelle. Guitares distordues, nouvelle étape, davantage hypnotique, la musique cède à nouveau la première place au chant, qui rappelle par moment Spor. Tout en ruptures et en continuités, ce titre est somptueux. La folie l'emporte au loin, il meurt, mais il ne lâche son dernier souffle qu'un peu plus tard, quand le calme est revenu. "Numb" est répété, tribal, violent, électrique, éprouvant, binaire. Le calme et la douceur de "Meon" sont donc appréciés, sans transition, Craig Walker interpelle à nouveau de sa voix chaude et claire, là, c'est le clavier qui bouscule légèrement le morceau, lui fait changer d'orientation, amène une nouvelle instrumentation grandiose... "Focus babe..." et survient une voix féminine de toute beauté, "focus babe..." assure le relais. Émouvant. Ensuite, c'est plus vers Radiohead qu'il faut aller chercher la comparaison, "Goodbye" étant très pop, dépressif mais pas déprimant. Toujours sans transition arrive le piano de "Now and then" puis place à l'inquiétude de "Seamless", un instrumental qui sert de rampe de lancement à "Finding it so hard", deuxième morceau à dépasser le quart d'heure. Épique, épileptique, il carbure au tempo dédoublé machinalement sur lequel se place un chant lent et doux, le corps et l'esprit se dissocient. Break floydien, on y revient, sonorités à la "Welcome to the machine" et Archive se remet en route, nous démantibule, le trip est assuré sans substance illicite. Les chœurs nous prouvent qu'on est définitivement ailleurs, le paradis n'est pas loin. Et si "Fool" n'était pas séparé de ce titre, ils pourraient ne faire qu'un... Le bonheur se prolonge. Le rêve serait-il éternel ? La douce voix féminine nous ramène à la réalité, enfin, nous fait espérer qu'elle est réelle, retour sur Terre donc. Avec "Hate" et "Need", deux seuls titres qui sont abordables sans écouter tout l'album, reposants, ils semblent dire au revoir, saluer, nous remercier d'avoir prêté attention à leurs grands frères. Et sur un arpège, après une montée dans les aigus, Archive s'en va et reste dans l'esprit, à tout jamais.