Sakuteiki

Arve Henriksen

par Hugo Catherine le 11/01/2006

Note: 5.0    

Du haut de sa trompette ancestrale, Arve Henriksen fait dans la solennité religieuse. Le titre "Sakuteiki" fait référence à la culture japonaise traditionnelle et l'album a notamment été enregistré dans deux églises, créant un effet de reverb naturel. Les échos de tambours et les incantations mélodiques sonnent l'heure d'un mysticisme de palais déserté, portes enrouées, fantômes de figures d'antan frappant, outre-tombe. Quand la trompette vient à se faire cor, nous entendons le cor des morts, des disparus. Si certains passages sont grinçants, des voix lointaines nous ramènent vite à des évocations de chants religieux, lents, paisibles, brumeux.

Ces airs monastiques se nourrissent de mélodies forcément tristounettes, très propices au vague à l'âme d'une année finissante ou pire encore d'une vie chancelante. La gaieté s'est évadée, les enfants sont partis, le cirque a plié bagages. Arve Henriksen est funèbre, sa respiration est souterraine. Jusqu'au confinement. En effet, les souffles expulsés ou les orgues macabres, toujours feutrés, créent un effet d'enfermement. L'album semble être enregistré de l'intérieur des instruments : nous effleurons de l'oreille la mécanique des battements d'accordéon, l'air dans les souffles cuivrés.

Favorablement accueilli par les oreilles des critiques, bercées par son inspiration japonisante et contemplative, "Sakuteiki", première contribution solo d'Arve Henriksen, est bien moins probant que son album suivant, "Chiaroscuro". Malgré un velours certain, celui d'un phare marin condamné à l'isolement, Arve Henriksen délivre une parabole cérébrale mais déprimante. Son ancestralisme ne soulève pas trop nos âmes.