Shotter's nation

Babyshambles

par Jérôme Florio le 20/11/2007

Note: 7.0    

L'accroche du deuxième disque des Babyshambles ne rassure pas : une guitare rouillée, salopée comme une seringue usagée. Fausse alerte sans doute délibérée, la suite se révélant être le travail le plus propre et pop mené par Pete Doherty.

Exit l'ex-Clash Mick Jones, dont la production brouillonne atteignait ses limites avec "Down in Albion". Il est remplacé par Stephen Street, qui a commencé sa carrière au début des années 80 en produisant du reggae, puis les Smiths et Morrissey, avant d'être associé au son "brit-pop" des années 90 (trois disques avec Blur notamment). Un terreau idéal pour l'héritage très anglais de pop, punk et reggae que Doherty fait fructifier avec autant de talent que de désinvolture.
La garantie d'un son plus clean, c'est l'équivalent pour la musique de Pete Doherty d'une transfusion sanguine dans une clinique suisse. Cela ne change pas fondamentalement la qualité des chansons, pas très raffinées et limitées par un groupe basique, mais cela leur redonne un certain lustre. Comme à son habitude, Doherty ne se départit pas d'une certaine indolence qui confine à la mollesse ("You talk", "Unstookie titled"). Les titres les plus rapides tombent un peu à plat ("Side of the road", "Baddies boogie"), sauf "Delivery" et son riff tellement pompé aux Kinks ("You really got me") que l'on ne songe même pas à lui en faire reproche. A plusieurs moments, des artifices de production font des clins d'œil aux Smiths, et les chutes romantiques des chansons, souvent adressées à une tierce personne, doivent beaucoup au Morrissey de l'époque.

Il est d'autant plus facile d'entrer dans l'univers de Pete Doherty qu'il l'étale complaisamment dans les tabloïds. Quand il en fait son fonds de commerce en s'étalant sur les affres de la vie de rockstar, globalement on s'en fout. Mais il conserve ce charme qui n'appartient qu'à lui, de petit garçon ébourriffé, de Gavroche rock : on ne résiste pas au groove chaloupé de la contrebasse sur "There she goes", l'inexplicable équilibre entre punk et pop fragile de "Deft left hand", ou "Lost art of murder" (un peu trop évidemment placé en fin de parcours) éclairé par la guitare acoustique de Bert Jansch.