Flashback

Barney Wilen & Philippe Petit

par Sophie Chambon le 01/03/2003

Note: 9.0    

A l’heure où Michel Graillier quitte définitivement la scène, sort ce "Flashback" inédit d’un concert dans les jardins de la DRAC de Montpellier lors du festival de Radio France, le 19 juillet 1986, qui met en scène le duo original de Philippe Petit et Barney Wilen. C’était le premier témoignage enregistré du saxophoniste après une trop longue absence, avant l’album du retour, celui de la mythique "Note bleue", la BD de Loustal et Paringaux, qui consacrera la dernière partie de sa carrière . "Deux libertés se parlent, s’écoutent et se confortent", écrivait alors Xavier Prévost qui diffusait l’événement cette nuit-là sur France Musique. Sous le signe de l’échange et du dialogue, les fidèles complices s’accordent sur la guitare légère et soutenue, toujours présente, en contrepoint au chant du ténor, puissant et léger, félin, getzien, voluptueusement sinueux dans ses développements les plus inspirés. Même "Nuages" réussit à s’envoler très haut dans une version qui n’est pourtant pas l’originale. Qu’ils reprennent des standards "Round midnight", "Besame mucho" ou s’adonnent à des compositions de Philippe Petit, le plaisir de jouer du jazz est aussi vif. Avec toujours un mélange de fantaisie généreuse , brillante, et d'exigence artistique, l’improvisation la plus ouverte rejoint une structure rigoureuse. Et cela donne une impression de création continue sans le moindre temps mort. Une musique à la fois libre et enracinée dans une tradition de ténor volubile et tendre. Le son de Barney Wilen, singulier et unique, velouté, impérial fait resurgir la nostalgie des grandes heures du jazz. Rendons enfin hommage au talent de Philippe Petit, qui prend un seul solo, délicatement intimiste dans "Flashback". Il a su donner le ton juste à cette rencontre de l’amitié, et sa guitare brosse des fonds subtils, teintés de résonances parfois "manouches", sur lesquels les envolées de Barney, élégamment nonchalantes, tendres, douces-amères aussi échafaudent un monde réconcilié et consolateur. Un disque tout à fait bienvenu.