En vacances de Portishead, Geoff Barrow aime décidément les plages de sable... noir. Avec deux musiciens de Bristol (Matt Williams et Billy Fuller), sa ville natale, il enregistre sous le nom de Beak> des compositions sous influence "krautrock" - mais sans l'élan anar-libertaire qui pouvait sous-tendre la démarche des groupes allemands de référence du genre, comme Neu! ou Amon Düül.
Beak> est à une lettre près de "bleak", qui veut dire blême, exsangue. "Recordings" est un objet froid, désincarné et martial, que les scratches de Barrow viennent à peine rayer d'un coup d'ongle ("Iron action"). La basse et la batterie, omniprésentes, sont comateuses comme à un réveil d'anesthésie générale. La voix est lointaine, en lambeaux. Le rythme lourd sur "Ham green" rappelle Black Sabbath – et pourquoi pas aussi la typographie de la pochette. Après le délire bruitiste de "Barrow Gurney", "The conurbia" se rapproche de "Wandering star" sur le premier disque de Portishead ("Dummy", 1994) - du trip-hop déjà bien engourdi à l'époque .
"Recordings" est un disque pour les mammifères qui savent réduire leur rythme cardiaque pour survivre aux grands froids ou aux grandes profondeurs. Si vous n'aimez explorer ni l'un ni l'autre, ce disque n'est pas pour vous.
