Daybreaker

Beth Orton

par Rodrigue Ducourant le 28/08/2002

Note: 3.0    

Nous avions gardé un bon souvenir de Beth Orton avec "Central réservation", précédent album un poil juste, mais qui bénéficiait de cette béatitude provoqué par le tout premier "Trailer park" qui ne nous avait pas lâché, facilités et faiblesses de notre indulgence trop vite offerte. C'est donc avec la même bienveillance que l'on s'attelle au troisième album nommé "Daybreaker" et à son cortège de prestigieux artistes collaborateurs certifiés critère qualité sur le sticker (Hmmf ! Madrange mon jambon star !). Malheureusement c'est vers le fond des chaussettes que glisse le sourire à mesure que les morceaux défilent. La belle a perdu la recette sacrée du folk réussi, à savoir peser chaque mot, chaque note, ne garder que celles qui se justifient, en deux mots rester juste. Le premier morceau "Paris train" échoue d'entrée de jeu et donne le ton : la composition, à la base irréprochable, se voit bousillée par une surenchère d'arrangements indigestes et des rallonges injustifiables. Mais le pire reste dans le chant même de Beth Orton. Là où elle pouvait en imposer aux autres par le talent de poser le silence au bon moment et nous laisser suspendus à ses lèvres, voilà qu'elle se lâche dans d'interminables notes (et autres farinellades que seul le mauvais r&b pouvait nous imposer) transformant sa voix fragile et brisée, en d'horribles feulements de chatte, sur du très mauvais Craig Amstrong, un soir de pleine lune ! Qu'on l'égorge pour dormir tranquille ! La flamme sacrée est perdue, Beth Orton le sait et se cache derrière sa partouze bobo de collaborateurs hypes (les Chemicals Brothers, Ryan Adams, et patati et patata...) mais rien n'y fait c'est foutu. C'est avec ce genre de stratégies fumeuses que Björk s'est lamentablement embourgeoisée sur l'insipide "Vespertine" (qui devait d'ailleurs s'appeler "Domestica", c'est tout dire...). Ce genre de cache misère ne sied pas à la song writteuse, qu'on espère retrouver en meilleure forme la prochaine fois. "Daybreaker" ? T'as raison Beth, des vacances s'imposent.