Bill Frisell with...

Bill Frisell, Dave Holland & Elvin Jones

par Sophie Chambon le 11/12/2001

Note: 7.0    

Et nous voilà 'on the road again', avec ce nouvel album de Bill Frisell qui nous plonge instantanément dans un rêve éveillé : après "Blue dreams" qui annonçait déjà la couleur l'an dernier, cet album reprend la même veine, de façon plus minimaliste encore. Avec cette inspiration légèrement désabusée, le guitariste installe la mélancolie de celui qui ne vit pas exactement ce qu'il souhaiterait. Avec Elvin Jones et Dave Holland, Bill Frisell a trouvé les partenaires idéaux qui savent s'adapter parfaitement au climat, suggéré dès le premier titre "Outlaws". Elvin Jones joue tout en retenue et la basse de Dave Holland chante moins qu'à l'ordinaire, soumise à la ligne donnée, impulsée par le guitariste : la force du blues qui unifie tout, en douze titres. Même cette vieille scie de "Moon river" est 'frisellée'. Une musique intelligente, extrêmement bien arrangée, délicate qui entraîne plus émotion que questionnement. Au premier plan tout le temps, la guitare d'une suavité inquiétante, persistante sur la même tonalité, toujours sous tension, bien perceptible comme si Frisell jouait la carte d'une économie de bon aloi. On se réjouit de temps à autre que les deux compères participent plus pleinement, encore qu'un peu trop fugitivement. On aura compris que même si Bill Frisell sait installer à merveille une atmosphère onirique, on est loin de la guitare torturée d'un Neil Young ou de la folie labyrinthique d'une BO de David Lynch. Avec Frisell, c'est toujours la même complainte crépusculaire. On se laisse prendre par cette musique aux rives de l'oubli et puis on finit par s'endormir, apaisé. "I don't live today, maybe tomorrow...".