Eye of the hunter

Brendan Perry

par Francois Branchon le 04/11/1999

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Medusa
Voyage of Bran


Brendan Perry était la tête pensante de feu Dead Can Dance, groupe des premiers pas de 4AD en 1983 avec les Cocteau Twins et Modern English, label qui dans la foulée de la "new wave" anglaise (XTC, Cure...) et américaine (Talking Heads, B52's...) inventa un concept gothique éthéré global : musique évanescente des groupes et visuels raccords du graphiste Vaughan Oliver (depuis honoré par le Musée d'Art Moderne anglais). Ivo Watt Russell, le patron, poussa même le concept jusqu'à l'entité This Mortal Coil, multi-combinaisons des membres de tous ses groupes. Si les premiers Dead Can Dance offraient une flamboyance, une emphase et une force indéniables, les albums postérieurs avaient tendance à s'écouter jouer, jusqu'à "Aion" en 1990, plus proche des danses de Terpsichore de Praetorius que de l'air du temps. Brendan Perry s'est séparé de sa "moitié" Lisa Gerrard et tente une régénération, apparemment à géométrie variable. Un Dead Can Dance "light" d'abord, débarrassé de ses orchestrations datées mais avec les accents incantatoires et la majesté des vieux albums ("Voyage of Bran", la reprise de Tim Buckley et souvenir de This Mortal Coil "I must have been blind"), une piste franchement folk également, aux sonorités épurées, allant jusqu'à un troublant mimétisme avec Leonard Cohen ("Medusa") et une troisième, plus incertaine et inquiétante, qui flirte avec les crooners pop des sixties, Scott Walker pour le meilleur ("Archangel"), Engelbert Humperdinck ou Tom Jones pour le pire ("Saturday's child", "Sloth"..). L'affaire est sauvée par le charme suave de Brendan Perry qui parvient à emballer le tout de sérénité et par certains morceaux franchement indispensables : ainsi ce "Voyage of Bran", bande-son idéale de ballades nocturnes au clair de lune, quand dans les forêts hululent les chouettes et matent les hiboux.