Prohibition

Brigitte Fontaine

par Francois Branchon le 13/10/2009

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Prohibition


Brigitte Fontaine ne fait plus peur, elle le clame sur tous les toits, ses cheveux laissés repoussés empêcheraient désormais les parents de planquer leurs gosses lorsqu'elle apparait. C'est vrai ça, les gosses ? Et qu'est-ce qu'on répond à mamie lorsqu'elle clame "je suis vieille et je vous encule" ?
La Fontaine est bien trop fine pour oublier que la robe n'a jamais fait la nonne, et elle fait heureusement toujours peur, surtout aux cons, et c'est tant mieux.

Ecouter "Prohibition" plonge dans une douce nostalgie libertaire et insouciante, évocation d'une atmosphère perdue où fumer, boire et baiser étaient au coeur de la vie et bien autre chose que les vendredis soir redbullisés d'aujourd'hui, où être "vieux" ou "plus vieux" évoquait autant le Pygmalion de passage que le sage d'un soir, bien autre chose que le misérable tas de chair voué aux poubelles sexuelles d'aujourd'hui. Avec défi et amour (toujours) et mystique (parfois), Fontaine combat debout notre société actuelle, avec ses mots, sans peur de dire ce qu'elle pense, surtout quand on touche le fond, "Partir ou rester" (en duo avec Katerine) sur l'élection de Sarkozy, "Dura lex" sur le lavage des cerveaux par la Tv (l'un conséquence de l'autre).

Brigitte Fontaine dit, c'est au sens propre le constat qu'elle ne chante plus vraiment. L'album est sur le mode "parlé", sans s'empêcher d'en balancer certains à la face des cons, et toute la musicalité repose sur les épaules de son compagnon de toujours Areski Belkacem, qui pour le coup s'est surpassé et mériterait d'avoir son nom sur l'affiche. "Prohibition" est loin du funk-rock oriental un peu basique des années précedentes et s'enrichit de multiples influences, rock, jazz, soufi ou électro (à la manière des jazzmen norvégiens). Belkacem, aidé de Ivor Guest (producteur de Grace Jones) en réussit un mariage parfait, unifiant ses sources de manière très harmonieuse, autorisant une autre écoute de l'album, en oubliant quasiment ses textes.

Une conclusion Brigitte Fontaine ? "Je suis folle, mais pas comme ils croient, croa... croa... croa...". Ne changez rien.