| | | par Sophie Chambon le 06/11/2003
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| Un pianiste non conventionnel sort de l'ombre. S'il n'est pas le seul à s'affranchir d'une lourde hérédité, de Bill Evans à Keith Jarrett, l'événement est tellement rare aujourd'hui qu'il mérite d'être annoncé, au regard de l'imposante production pianistique.
On entend en effet un piano très coloré qui utilise tout l'espace du clavier, avec la profondeur des nuances, ainsi qu'une expression enjouée et volubile de la main droite. Le premier titre en solo "Aurores" délivre de réjouissantes promesses. La contrebasse excitante se libère de ses entraves pour vivre sa vie au sein du trio, prenant toute sa place dans "Autour de Sammy". La triangulaire classique piano-basse-batterie impose trois voix qui s'écoutent et se répondent en un réseau nerveux, vif, ainsi que des commentaires riches qui entretiennent et relancent l'intrigue. Une musique nécessaire donc, qui interpelle autant qu'elle saisit nos émotions. Toutes les compositions d'ailleurs sont de Bruno Angelini, qui a su ménager l'alternance des climats, de "confidences" recueillies aux "caprices" quelque peu inquiétants dans lesquels la batterie a des froissements d'ailes et le clavier une empreinte sautillante.
Sans jamais être sentimental, d'un lyrisme retenu, pendant les trois quarts d'une heure, Bruno Angelini nous promène dans une musique qui se renouvelle sans cesse. Et c'est lumineux. Tout simplement. |
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