Can box

Can

par Frédéric Joussemet le 01/07/1999

Note: 7.0    

Electron libre de la "Kosmische Musik", Can se livre enfin dans ce double disque live. Jusqu'ici, seuls leurs talentueux albums studio étaient à notre disposition, posant la lancinante question : est-il possible de créer en une seule fois (sans superposition) une musique aussi subtilement foisonnante de détails ? Le "oui" s'impose désormais ! Enregistrés entre 1972 et 1977, les morceaux dénotent une certaine cohésion sonore malgré l'étendue de la période et l'intrusion du synthétiseur. Le chanteur d'origine japonaise Damo Suzuky n'est malheureusement présent que sur les deux morceaux de 1972, dont le fabuleux "Colchester finale", véritable point d'orgue du coffret. Cette suite de trente-sept minutes démontre que la frontière entre le bruit et la musique est éphémère, que manié avec intelligence, tout son peut se faire mélodie. Seulement, la mélodie - ou la beauté pour la beauté - n'est pas la finalité de Can. Seule la musique motive les quatre (ou cinq) musiciens, sous une forme libre, un pendant d'improvisation pure qui permet à chacun de se suivre mutuellement. Le seul leader du groupe, c'est l'auditeur. Il décide seul de se fixer sur la rythmique hypnotique de Holger Czukai et Jaki Liebezeit (basse et batterie) ou sur les enchevêtrements sonores d'Irmin Schmidt et Michael Karoli (claviers et guitare). Le seul défaut de ces Saintes Archives est leur son, dont la mauvaise qualité obstrue parfois la basse, et certaines dérives de Schmidt, trop mis en avant. Lorsqu'elle officie dans l'ombre, sa science de l'accompagnement n'en est que plus forte. Le coffret est complété par un livre (en anglais), une vidéo d'une heure d'un concert de 1972 (année faste !) et un reportage sur le groupe de cette même époque.