In Paris

Chet Baker

par Julien Szabason le 17/03/2000

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Everything happens to me


A l'instar d'autres souffleurs américains tels Gerry Mulligan ou Lee Konitz, c'est à Paris en 1955 que Chet Baker décide de venir s'exprimer. Il n'est alors qu'un inconnu de 26 ans mais a déjà côtoyé, entre autres, Charlie Parker et Stan Getz. C'est donc tout naturellement, en cette période de jazzy boom d'après-guerre au public connaisseur, que Chet, avec une maturité musicale riche en harmonies et en simplicité, saura séduire. Pas difficile : cette façon à lui de faire chanter les mélodies de sa trompette, sans démonstration ni frime, est un délice musical, une douceur subtile, un régal piquant. Ce disque est une compilation de séances d'enregistrement avec de multiples formations, parues dans les années cinquante sur trois albums Barclay de 1956 et 1957 ("Chet Baker", "Chet Baker quartet", et "Chet Baker with Bobby Jaspar"). On y retrouve des musiciens américains et européens. Mais surtout des français coutumiers des séances aux effluves d'outre-atlantique : le contrebassiste et arrangeur Pierre Michelot (déjà présent aux côtés de la petite fleur disque d'or de Sidney Bechet, de Dizzy Gillespie et du Miles Davis d' "Ascenseur pour l'échafaud"), le saxophoniste Jean-Louis Chautemps, le batteur autodidacte Jean-Louis Viale (partenaire de Clifford Brown, Zoot Sims)... Le tout forme un vrai déclencheur de bonheur, des thèmes écrits pour Chet ("Chet", "Not too slow") aux grands standards ("Summertime", "I'll remember april", "These foolish things", Alone together"...). Le son de l'enregistrement live est bien palpable, avec de l'espace et de la résonance. A noter, le bijou "Everything happens to me", fragilement mais si délicatement chanté. Alors, à quand l'intégrale des sessions Barclay ?