A year from easter

Christian Wallumrød

par Hugo Catherine le 12/10/2005

Note: 8.0    

Loin de ses expérimentations les plus électroniques, Christian Wallumrød fait de l'acoustique la pièce maîtresse de son quartet. Ses compositions mettent en avant des arrangements paisibles et savants. Souvent, par exemple dans "Japanese Choral", l'alchimie repose sur un leitmotiv de trois ou quatre notes ou accords de piano. En effet, les claviers divers (piano, harmonium, piano jouet) ont, d'une part, pour habitude de donner la cadence et, d'autre part, de servir de trame mélodique ; ils sont soutenus en cela par les autres instruments, en
particulier par le violon de Nils Økland, grâce à des accompagnements d'une grande délicatesse.


Ainsi, cet album nous transmet un sentiment de douceur mêlée de lenteur. Les morceaux prennent forme par de lents mouvements, comme dans "A year from easter", jamais mis en péril par les soubresauts passagers des percussions, tantôt clochettes, tantôt grincements. L'ensemble est dénué de précipitation, une large place est réservée à la respiration des instruments, dont celle de la trompette d'Arve Henriksen.

Pour autant, l'allure paisible n'en est pas moins déterminée. Les thèmes s'apparentent en effet à des marches, certes sans lourdeur aucune, mais un peu épique, un peu ancestrale, un peu médiévale. Christian Wallumrød convoque des mélodies poignantes, parfois quasi-romanesque. La douceur cède alors à une forme d'appel mélancolique, comme lors de l'exécution pleine d'âme des solos de piano.

L'album hésite entre des ritournelles délicatement enfantines, délibérément entêtantes, et des nuances bien feutrées, incitant à un doux pèlerinage. Au travers de structures mélodiques et rythmiques répétitives, Christian Wallumrød opte avant tout pour une musique pénétrée. A l'exception d'un intermède grinçant moins heureux ("Lichtblick"), probablement au plus près de l'héritage de John Cage, les quatre musiciens parviennent à développer un phrasé commun privilégiant la profondeur de l'interprétation à l'esbroufe de la démonstration. Une sérénité très ECM, somme toute.