Walking with thee

Clinic

par Vincent Théval le 06/04/2002

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Harmony
The equaliser
Welcome
Walking with thee
The bridge


Un garçon chante, lance des incantations étranglées comme si sa vie en dépendait. Avec lui, dans une atmosphère glaciale, un orchestre crache des rythmiques syncopées lardées de guitares tranchantes et de claviers menaçants. Rien ne nous avait préparé à une telle fulgurance. Quelques concerts brouillons voilà deux ou trois ans nous avaient même dissuadé de jeter une oreille sur les efforts discographiques de Clinic. Tragique erreur aujourd'hui effacée par une baffe monumentale. "Walking with thee", deuxième album de Clinic, concilie une écriture simple et brutale, une instrumentation dépouillée et une production d'une sophistication sidérante. Soit un groupe garage décidé à en découdre vite, déployant à cet effet des trésors d'imagination. Rythmiques bidouillées autour de bruits divers, orgue, harmonica, chœurs naïfs, créent un son d'une précision chirurgicale pourtant chargé de sueur et d'une spontanéité juvénile galvanisante. Les Liverpulliens font le tour de la question en onze chansons et trente-huit minutes d'une densité épuisante. Onze variations claustrophobes, gorgées à chaque instant d'inventions rythmiques et de trésors mélodiques. Difficile de résister aux basse et batterie de "The bridge" et "Sunlight bathes our home" quand elles s'emballent. Surtout que nos défenses sont tombées très tôt : l'album s'ouvre sur un alignement de quatre morceaux d'anthologie, dont l'inquiétant tube "Walking with thee". Rien ne saurait réduire la musique de Clinic à un alignement de références. Nées sur les brisées d'un punk transgénique et d'une new wave hargneuse, ces chansons sont les poussées de fièvre les plus excitantes entendues depuis des années. Ça te scotche, ça t'hypnotise, ça te redonne foi en la pop anglaise. Alors même que tu ne l'avais jamais perdue.