French swinging Mademoiselle 1967

Clothilde

par Francois Branchon le 12/05/2021

Note: 9.0     
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Les amateurs éclairés des sixties françaises connaissent le nom de Clothilde, partie prenante de l'aventure de la maison Vogue de Léon Cabat (se souvenir d'une des compilations "Le printemps de Vogue" où figurait son titre fétiche "Fallait pas écraser la queue du chat"). Rappelons que Vogue, contrairement à toutes les autres maisons de disques françaises de l'explosion yéyé s'honorait de ne signer que des artistes auteurs-compositeurs ou proposant des chansons originales; pas de traductions de hits étrangers entre ces murs-là.
Deux écuries y cohabitaient, animées par des passionnés capables de tout : celle de Jacques Wolfson (Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Zouzou, Benjamin, Cléo, Benjamin Fall...) et celle de Christian Fechner, pas encore producteur de films et arrivé de Toulouse avec son acolyte Germinal Tenas (avec qui il animait des arbres de Noël de la ville rose en 1965). Un Fechner. qui comme Wolfson a carte blanche du patron Léon, et va signer Antoine, Les Problèmes, Karine, Stella, Jean-Bernard de Libreville, Sullivan et... Clothilde.

Clothilde n'est d'emblée pas la énième "nouvelle petite chanteuse" qui fleurit sur les plateaux télé ânonnant son play back. Clothilde a une allure, un look (à la Elsa Martinelli), un caractère bien trempé. Sa carrière elle n'en a rien à faire, pour tout dire ça l'emmerde, à commencer par la promo justement, qu'elle fait à reculons, se trouvant ridicule en fringues mode. Et après deux EP, elle va d'ailleurs tout balancer par dessus bord.

Germinal Tenas lui écrit (avec l'arrangeur Jean-Michel Di Maria) tous ses textes, sarcastiques, bourrés d'humour noir ("La queue du chat", "La vérité"...) et de double sens ("Saperlipopette"), lui taille sur mesure un personnage décalé un rien anti-France Gall (qu'elle parodiera sur la fin, même barrette de cheveux) et auquel son détachement amplifie encore le second degré.
Musicalement, Tenas et Di Maria se lâchent, les arrangements foisonnent de cor de chasse, cloches tubulaires, guitares fuzz, scies musicales, kazoo, orgue de Barbarie, un bric à brac foutraque et subtil à la fois, ponctué du "hep!' signature, un joyeux capharnaüm qui anticipe parfois - osons ! - le Kevin Ayers de "Joy of a toy".

Vogue était décidément en 66/67 très au-dessus du lot, une avant-garde bien mal reconnue, de Françoise Hardy à Jacques Dutronc, de Zouzou la Nico française aux accents velvetiens d'Antoine ("Juste quelques flocons qui tombent") de "La juxtaposition 210" de Jean-Bernard de Libreville à la prometteuse mais éphémère et sabordée Clothilde.

Le label Born Bad en propose ici l'intégrale : ses deux Ep, le single italien de la "Queue du chat" ainsi qu'un inédit en compagnie des Charlots.



CLOTHILDE Fallait pas écraser la queue du chat (TV 1967)


CLOTHILDE La vérité (Audio seul 1966)


CLOTHILDE 102 103 (TV France 1968 - Avec Les Charlots)


CLOTHILDE Saperlipopette (TV 1967)