Parachutes

Coldplay

par Francois Branchon le 27/08/2000

Note: 6.0    
Morceaux qui Tuent
Yellow
Don't panic
Spies


Un rien trompeur les parachutistes de Coldplay, qui dès les premières mesures de "Don't panic" ne donnent pas vraiment l'impression de vouloir redescendre des hauteurs où planent leurs guitares en arpèges flottants, puis, lorsqu'ils foulent le sol (inévitable photo centrale du livret), semblent se perdre dans une autre éternité, maritime celle-là. Trompeur car Coldplay n'a peut-être pas les moyens d'élire domicile si haut ou si loin. Carnet de route. Des premières mesures de "Don't panic", qui séduit d'emblée, capte, magnétise et laisse croire à un miracle (la réincarnation du rock volatile et gracieux de Durutti Column), à "Shiver", la route est très courte : trois minutes. Dès lors, l'aérien se cogne à des séquences (heureusement) courtes de ces foisonnements concentrés qu'affectionnent les groupes pop depuis la vague "noisy". La mélodie n'étant pas exceptionnelle, le morceau vire à une suite de moments assez banale. Et "Spies" révèle la recette de Coldplay (utilisée jusqu'à la fin systématiquement) qui doit autant à la voix, touchante et magnifique, à la fois terrienne et aérienne (mais impossible de ne pas évoquer Perry Blake) qu'à l'atmosphère travaillée, utilisant beaucoup les effets, notamment le vibrato sur l'orgue, typique de Pink Floyd (circa "Meddle") et grosso modo une chambre d'écho sur tout ce qui vibre. Mais à mi-morceau, la joliesse prend le dessus, le factice menace et l'attention décroche. "Sparks" illustre lui leurs rythmiques : un balancement soft, sur un pied, puis sur l'autre, les guitares bucoliques se chargeant du décor. A mi-parcours, "Yellow" se veut borne énergétique, du moins dans son intro aux guitares appuyées et saturées, qui retombe vite sur le tempo moyen dénominateur commun de tout le disque. "Parachutes" n'est qu'un court intermède, "High speed", à deux titres de la fin du disque se devrait d'être imposant, fort et accrocheur, pour sauver l'affaire, mais au contraire, emberlificoté dans ses arpèges de guitare, il est celui qui dénude un peu plus Coldplay, groupe au schéma trop vide. Et il en va ainsi des deux dernières, "We never change" et "Everything's not lost", chansons mettant très en avant le chant, et qui manquent d'âme, de sincérité, sentent trop l'application, et une limite vocale certaine pour une musique dont la référence reste Scott Walker. C'est très bien fait, le son est très beau et si trois MT émergent, c'est que ce sont des pièges trop bien tendus, avec des entrelacs accrocheurs d'instruments, de rythmiques et de sons qui atteignent une jouissance dont on ne peut plus se passer. Coldplay : pour saisir la différence entre "être" et "paraître".