Box of the blues

Compilation

par Francois Branchon le 01/12/2003

Note: 8.0    

Le label Rounder a la vie belle. Gardien du Temple de toute une part de l'histoire musicale américaine, au travers notamment de ses collections de la Library of Congress et toujours dépositaire du blues et de la country traditionnels actuels, il n'a pas eu de peine, pour signer ce beau coffret anthologique, à puiser dans son vivier de bluesmen (& women), noirs et blancs.

"Box of the blues" se décline en quatre rubriques pour autant de Cd, "61 highway" concerne les musiciens de première génération pour l'essentiel acoustiques, "The real deal" s'intéresse au blues urbain, "Change in my pocket" présente de jeunes interprètes et enfin "A good day for the blues" élargit le panorama à la soul et au soul-blues.

Le volume 1, "61 highway" (en référence à la révolte qui vit les noirs camper sur cette route) ne remonte certes pas aux premiers enregistrements de tradition orale des années vingt et trente, ceux qui sentaient encore si fort le coton et les fouets qui claquent, mais démarre en 1940, avec "Dying crapshooter's blues" de Blind Willie McTell. Ce premier volet est de loin le plus attachant, avec Sonny Terry & Brownie McGhee, Big Joe Williams, l'immense Mississippi John Hurt et son picking folk (ici avec son célèbre "Candy man", repris par des générations de folk-blueseux), Etta Baker, Mississippi Fred McDowell ("61 highway"), Sonny Boy Williamson et les moins connus Babe Stovall, David Edwards, Cephas & Wiggins, Buster Brown, Boogie Will Webb.

"The real deal" s'annonce évidemment plus électrique, les groupes ont remplacé les chanteurs gratteurs de guitare. Clarence Gatemouth Brown, Carey Bell, Champion Jack Dupree, Eddie Clearwater, Johnny Copeland, Willie Cobbs, Jimmy Rogers, J.B. Hutto, Luther Johnson ou Lowell Fulson, tous forment le "blues Rounder" des années 80, blues à guitares, carré et souvent cuivré.

"Change in my pocket" pourrait apparaître comme le maillon faible du coffret. Il n'en est rien, car en guise des jeunes pousses annoncées, on voit défiler des pointures déjà expérimentées, Duke Robillard, Anson Funderburgh, Roomful of Blues, George Thorogood, Marcia Ball ou Geoff Muldaur. Rien que de très sûr, tournant rond et tenant la distance.

Le dernier volume "A good day for the blues" est - avec le premier - le plus émotionnel. Les groupes choisis sont haut de gamme : Ruth Brown, populaire chanteuse de Rhythm and blues des années cinquante (et premier succès du label Atlantic !), Wilson Pickett (avec le très récent "Outskirts of town"), Bobby King, Johnny Adams et deux soulmen s'il en est, Otis Clay ("I can take you to heaven tonight") et Solomon Burke ("Got to get myself some money").

Un coffret qui constitue une excellent compilation pour qui voudrait mettre son nez dans le blues, avec soixante morceaux déclinant sans temps mort les époques et les genres.