Cowboys in Scandinavia

Compilation

par Jérôme Florio le 26/03/2006

Note: 7.0    

La pochette de "Cowboys in Scandinavia" est un clin d'oeil à Lee Hazlewood : l'américain s'était en effet exilé en Suède à la fin des années 60, officiellement pour jouer dans des films du cinéaste Torbjörn Axelman, officieusement pour des motifs plus troubles (des ennuis avec le "milieu"). Il y a enregistré en 1970 un de ses meilleurs albums, "Cowboy in Sweden", qui n'a rien de suédois mais tout d'un excellent disque d'americana de storyteller folk et country. Il en est un peu de même ici, pas grand-chose de typiquement nordique : tous pourraient être les enfants illégitimes du père Hazlewood, venu prêcher la bonne parole en terres scandinaves (et tripoter au passage les grandes blondes du coin !). "Cowboys in Scandinavia" est une photo de classe de cette prolixe scène "néo-folk" actuelle venue du froid.

Parmi les chouchous, il y a Nicolai Dunger qui sert une une belle mélodie, et Matthias Hellberg (présent deux fois avec Hederos & Hellberg) qui se faufile là on ne sait pas trop comment, avec son classicisme à la limite de la banalité. José Gonzalez donne "Save Your Day", un titre issu de son récent "Veneer" - pas vraiment "véner" mais très agréable, un beau coup guitare-voix madrée, peut-être plus proche du folk anglais.
Au fond de la classe, le toujours aussi sympathique St Thomas amuse avec un "Twisted cowboy" pince-sans-rire. Et les Motorpsycho font les pitres avec l'instrumental bluegrass "Theme From The Tussler" (bande-son d'un western de Theo Buhara – ni l'un ni l'autre n'existent en réalité !). Au piquet, les copistes laborieux : Tobias Frogerg, Johnossi, Tarantula et Johanna Berhan à cause de sa voix stridente comme une Björk sous la torture.
Tout devant, le consciencieux Christian Kjellvander s'applique dans un recueillement de jeune sage ("Allelujah", un peu ennuyeux). Thomas Dybdhal est plus souple et coloré, mais trop lisse, tandis que The Lancaster Orchestra réutilise efficacement ce rythme "boum-tchickaboum" inventé par Johnny Cash. Les discrètes Britta Persson et Dusty Fingers s'en sortent bien. Quelques malins limitent les risques en se reposant sur des valeurs sûres : Junip électrifie "The ghost of Tom Joad" de Bruce Springsteen. Et certains s'y croient vraiment : la supplique "Oh Lord" de Kristofer Astrom & Hidden Truck, Christer Knutsen qui se la joue Chris Isaak ("Watching you steal my pain") période "San Francisco days".

Bien que non présente ici, on rappelle que Nina Persson avait troqué ses Cardigans contre une veste à franges sur "A camp" enregistré avec Mark Linkous (Sparklehorse) en 2001. Le niveau général de "Cowboys in Scandinavia" est bon, ce sont des élèves polis qui rendent des copies propres et appliquées, sans fautes, mais sans génie. Du "scandinavia dry" en quelque sorte.