Finger poppin' and stompin' feet (20 Allen Toussaint classics for Minit Records)

Compilation

par Francois Branchon le 24/05/2002

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Ruler of my heart (par Irma Thomas)
Mother-in-law (par Ernie K-Doe)
A certain girl (par Ernie K-Doe)


Nourri dans la Nouvelle-Orleans des années cinquante au rhythm'n'blues inspiré du swing de Dave Bartholomew (le maître des lieux, compositeur de Fats Domino), Allen Toussaint, passé par toutes les marches de l'escalier de la gloire (pianiste de bar, choriste, chanteur, compositeur, arrangeur, producteur, créateur de label...) est l'homme grâce à qui la musique de la Nouvelle Orleans a acquis sa dimension soul et funk, entraînant dans son sillage les Dr John et autres frères Neville.

Il s'associe en 1959 au minuscule label débutant Minit qui, grâce au succès national de "Ooh poo pah doo" de Jessie Hill en 1960, obtient une distribution internationale via la maison Imperial à Hollywood. Le succès le plus gigantesque du label est sans conteste "Mother-in-law", chanté par Ernie K-Doe, un morceau parfait, des chœurs graves inoubliables aux réponses de la basse de Benny Spellman, les paroles de Toussaint... Le morceau fut numéro un dans les charts américains (le premier enregistré à la Nouvelle Orleans, Fats Domino n'y était pas parvenu). Également sous influence gospel (Allen Toussaint est un grand fan de Ray Charles), l'écurie Minit est éblouissante, une bande de musiciens toujours ensemble, jouant les uns avec les autres et sur les disques de chacun, une sorte de "summer of soul" néo-orléanais qui laisse des morceaux à la fois habités et dansants.

Les meilleurs sont réunis sur cette petite compilation très bien faite (et bon marché), Irma Thomas (bouleversants "Cry on", "It's raining"...), Aaron Neville (le chaloupé "Let's live" où toute la saveur des Neville est déjà là), Ernie K-Doe, Jessie Hill, The Showmen... Tous ces artistes noirs se sont souvent plaint que la 'british invasion' des années soixante débarquait conquérante aux Etats-Unis avec des reprises de leurs propres morceaux. Il est exact que les groupes de rock anglais des sixties puisèrent dans ce vivier pour colorer leur pop d'âme noire authentique et le plaisir se double de retrouver ici quelques uns des originaux, "A certain girl" de Ernie K-Doe (popularisé par les Yardbirds), "It's raining" de Irma Thomas (repris par Shakin' Stevens) ou "Fortune teller" de Benny Spellman qui fut un des premiers singles des Rolling Stones (plus tard ils feront également un gros succès avec "The last time" de Irma Thomas). Un gars du sud, un américain du côté de la Georgie, sera lui aussi marqué par Irma Thomas et son "Ruler of my heart" en 1964 : Otis Redding, qui en fera la trame de son immortel "Pain in my heart".