Frances White, Hildegard Westerkamp, Beethoven

Compilation

par Jérôme Florio le 07/01/2006

Note: 3.0    

L'ambiance sonore, davantage que la musique, joue un grand rôle dans ce film de Gus van Sant librement inspiré d'un tragique fait divers (la tuerie perpétrée par deux ados dans le lycée de Columbine, aux Etats-Unis) : ce disque bâclé, envisagé comme un simple produit dérivé sans la moindre valeur ajoutée, n'en rend pas du tout compte.

Pourtant, toutes les musiques du film sont inclues. Les paysages sonores magnétiques et bruissants des compositrices de musique concrète Frances White et Hildegard Westerkamp, qui accompagnaient les longues déambulations dans les couloirs du lycée, plongeaient le spectateur dans un envoûtant bain sensoriel. La sonate "Au clair de Lune" de Ludwig Van Beethoven, sur le long plan-séquence d'un terrain de sport par un temps orageux, distillait une mélancolie qui contenait en germe à la fois le drame à venir et une certaine perception de l'adolescence. La scie "Lettre à Elise" (oui, le vieux mégatube des sonneries de téléphone portable), jouée avec quelques hésitations par un des deux meurtriers, s'achevait par un majeur violemment tendu (le doigt, pas l'accord !).
Soit une vingtaine de minutes en tout, pas suffisant pour remplir un Cd... plusieurs directions étaient possibles : à partir de ces données de départ (qui laissent courageusement de côté tout univers musical "teenage"), on pouvait imaginer tirer des bords vers d'autres compositeurs, d'autres univers (les jeux vidéo ?), ou organiser une véritable confrontation.

Au lieu de cela, le comble de la paresse : bouchage de trous en rajoutant sept sonates de Beethoven (un genre de "best-of", quoi), et parquage de Westerkamp et White en fin de parcours ! Devant l'arbitraire d'un tel (non-)choix – pourquoi ces sonates-là plutôt que d'autres, et la qualité passable de leur interprétation -, on renverra plutôt vers des disques consacrés à leurs compositeurs respectifs. Aucun intérêt.