| | | par Francois Branchon le 20/10/2003
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| Entretiens avec des guitaristes de légende : Scotty Moore, Don Felder, Bob Weir, Robbie Krieger, John Entwistle, Jack Casady
"Entretiens avec des guitaristes de légende" cache sous son titre ronflant un documentaire canadien consacré aux guitares Gibson, marque mythique du rock avec Fender et (dans une moindre mesure) Rickenbacker. Fréquent dans ce genre de projet, le ton docte et vaguement ennuyeux, et le style "je bavarde plus que je joue", particulièrement avec les "has-been" qui profitent de ce genre de tribune pour réécrire l'Histoire autour de leur personne. Mais le problème spécifique de ce doc est l'absence des "grands", hormis Scotty Moore (accompagnateur de Presley), Don Felder (Eagles), Bob Weir (Grateful Dead), Robbie Krieger (Doors) et les bassistes John Entwistle (Who) et Jack Casady (Jefferson Airplane). Car bien rares furent les guitaristes qui n'eurent pas un jour ou l'autre une Gibson entre les mains, de Jimmy Page à Eric Clapton, Jeff Beck et Peter Green, de Carlos Santana à The Edge et Jorma Kaukonen, de Keith Richards à Trent Reznor... Tous absents ici. Sur la bonne vingtaine d'interviewés, adorateurs des Les Paul, SG, 335 ou de modèles plus rares, certains privilégient l'anecdote (Bob Weir et sa rencontre avec Jerry Garcia), d'autres révèlent un secret de fabrication (John Entwistle) et en livrent un exemple au pied levé (immense Jack Casady et sa basse électro-acoustique de folie). Leurs propos sont tous illustrés par des images de leurs groupes en concert, parfois consternants (Justin Hayward et les Moody Blues actuels, après le passage du rock au brushing, les Eagles d'aujourd'hui, tous assis sur scène), mais parfois excitants, Robbie Krieger et les Doors en 1968 ou le grand Scotty Moore derrière Elvis Presley... L'éventail des styles est assez large pour permettre à chacun de s'y retrouver : Steve Howe avec Yes (aïe), Tom Petty, Billy Corgan et Smashing Pumpkins, Tommy Iommi et Black Sabbath...
Mais le reportage instruit aussi sur le début des sixties, quand les instruments anglais étaient merdiques et que les marins de Liverpool se livraient au trafic avec l'Amérique, les jeunes groupes anglais se ruant sur les guitares de contrebande, avant que les premières grandes boutiques londoniennes de Charing Cross Road n'ouvrent leurs portes en 1965. Il n'oublie enfin pas quelques images des pionniers, les bluesmen qui lui ont donné ses lettres de noblesse (John Lee Hooker) et les premiers utilisateurs de la guitare électrique, Les Paul, Leo Fender ou Charlie Christian, le premier des guitariste de jazz à avoir sorti la six cordes de son rôle rythmique assigné jusqu'alors.
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