Highway 60's/70's blues revisited

Compilation

par Francois Branchon le 31/08/2003

Note: 5.0    

Etrange partie de ping-pong... On se souvient du dernier disque enregistré par le grand bluesman noir Jimmy Rogers avant sa mort (" Jimmy Rogers & All Stars "), où les "jeunes" musiciens anglais venaient rendre hommage à la musique qui avait inspiré leurs groupes naissant Cream, Led Zeppelin ou Rolling Stones. Le procédé est ici curieux, car inverse : des noirs américains (Junior Wells, Buddy Guy, R.L. Burnside, Luther Allison, Etta James, Magic Slim...) viennent reprendre les chansons de leurs "rejetons blancs" anglais - ou américains (Joplin).

Le résultat est très mitigé, car au-delà de la démarche - imaginerait-on servir du vin australien dans un congrès de vignerons français ? - les morceaux sont tous courbés sous la toise unique du blues-rock, gommant tout le psychédélisme pop qui les enluminait, faisant sonner les Cream ("Strange brew" par Buddy Guy) comme Led Zep ("When the levee breakso" par Magic Slim et James Cotton). Au fil de l’écoute, on rencontre dans ce fourre-tout des choses aussi curieuses que la reprise de "Lay lady lay" de Bob Dylan par Isaac Hayes (?), un essai d’Eric Gale de faire décoller le 747 "Layla" de Clapton, les arrangements vocaux de "Walk on the wild side" de Lou Reed collés par Luther Allison à sa reprise de "You can’t always get what you want" des Stones (un comble quand on connait l'original qui doit tant à la voix de Jagger...), le massacre de "All along the watchtower" par Larry McCray, mais on s’incline devant deux rares moments de grâce faisant chacun à leur manière danser le fantôme de Janis Joplin, tout en puissance pour Etta James ("Ball and chain"), tout en intimisme complice pour Taj Mahal ("Mercedes Benz").