National Geographic - Greece

Compilation

par Francois Branchon le 04/07/2005

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Ta maheria par Kosta Makedonas
Arnisi par Melina Kana
Ta palia garsonia par Orfeas Peridis


Collection Music Traveller - Costas Papadopoulos, Eleni Tsaligopoulou, Manolis Lidakis, Orfeas Peridis, Melina Kana, E Apenandi, Kosta Makedonas, Yorgos Katsaris, Arleta, Zak Stefaou...

Et si l'échec de l'idée européenne n'était pas celui de l'ignorance et du désintérêt des responsables politiques pour la culture en général, la musique et l'art de la fête en particulier ? Quand on sait l'universalité du langage musical, cette ignorance cultivée depuis des décennies ressemble à une faute. Que connaissons-nous des musiques qu'écoutent les Lituaniens, les Tchèques ou les Finlandais, les plus longtemps intégrés Grecs ou même nos voisins allemands en marge du rouleau compresseur de la culture Coca Cola ? Rien ! N'aurait-il pas été judicieux d'imaginer des festivals d'été itinérants programmant autant de groupes originaux que de pays traversés ? Qu'ont donc branlé les Ministres de la Culture (pour les pays qui en ont) ? Mais il est vrai qu'un Chirac écoute de la musique militaire, une Marie-George Buffet avoue ne pas savoir qui était Lennon et la Commissaire européenne à la Culture s'occupe en priorité... de sport !

Alors voici une compilation qui surprend et réjouit, fait exploser les poncifs. Il y a une vie musicale en Grèce en dehors du sirtaki. Et elle est belle. Des Grecs, nous nous sommes arrêtés ici aux années 60 (et les bandes-son des films de Melina Mercouri), au cataplasme Nana Mouskouri et, plus intensément, aux années 70 du compositeur Mikis Theodorakis (grâce au film "Z" de Costa Gavras) qui le premier "occidentalisa" le "rembetika" (le blues grec) en "éntekhno", où instruments et mélodies s'intégraient en arrangement orchestral combiné avec de la poésie moderne.

Certes le morceau introductif, l'ultra-éculé "Danse de Zorba" (le Grec), laisse augurer le pire, mais la suite est une surprise de taille, qui fait découvrir une flopée d'artistes inconnus ici, jouant une musique vivante, à la fois moderne et reliée à ses traditions (le bouzouki est omniprésent mais jamais pesant). Surtout, ces gens sonnent juste, partagés entre la nostalgie du "rembetika" et l'envie communicative de danser. Ainsi Eleni Tsaligopoulou, dont la plainte survole les percussions frénétiques et relie la Grèce à l'Orient ("Min perimenis pia") comme Kosta Makedonas ("Ta maheria"), Manolis Lidakis, Orfeas Peridis - la révélation - et son lancinant "Ta palia garsonia" à écouter en boucle pendant des heures, Melina Kana et un "Arnisi" qui sent la brise du soir après le coucher du soleil, E Apenandi, Michalis Nikoloudis et ses accents électro ...

Certes, les Grecs ont aussi des groupes rock à l'anglo-saxonne, ainsi que probablement des Bruel et des Pagny, mais ils peuvent être heureux d'une relève de jeunes artistes dont on n'a pas en France vraiment l'équivalent.