Timeless (Tribute to Hank Williams)

Compilation

par Francis Rateau le 16/11/2001

Note: 5.0    

Le 'Tribute' est un genre d'exercice qui appelle souvent la méfiance. Malgré les gens très respectables qui ont accepté d'en être, "Timeless", loin d'être le premier hommage rendu au grand Hank Williams, ne déroge pas à cette règle. Mais allons, ne crachons pas dans la soupe (marketing) et explorons un peu la chose, par ailleurs très joliment présentée, sobre et belle : Bob Dylan ouvre le bal avec brio, "I can't get you off of my mind" est brillante et tout à fait dans l'esprit de Williams, le Zim renouant ces temps-ci avec ses plaisirs de jeunesse, la musique de ses racines. Même constat pour Sherryl Crow, dont on ne dira jamais assez le talent et les influences country, qui assène un "Long gone lonesome blues" très finement joué. Le troisième du nom de la dynastie des Hank a enfin retrouvé la voie du grand-père, et avec autant de pugnacité que lui signe un honky tonk musclé (et humoristique même), "I'm a long gone daddy". On aurait pu attendre en revanche d'Emmylou Harris qu'elle bouge un peu plus mais en choisissant de faire de "Alone & forsaken" une ballade presque pop et d'accompagner Mark Knopfler sur un "Lost on the river" traité façon 'poor lonesome cowboy', elle expédie Hank Williams dans un studio hollywoodien ! Passons aussi sur le blues revival de Keb' Mo le clone de Robert Johnson, ainsi que sur un Beck aux limites de la correction, pour saluer le surprenant Tom Petty dans un brillant "You're gonna change". Lucinda Williams confirme son immense talent avec un sobre et vibrant "Cold, cold heart". Sa voix et la finesse de sa guitare mettent des frissons partout. La guitare, plus électrique, du Stones déjanté Keith Richards n'est pas vraiment convaincante, pas vraiment à sa place le vieux rocker... En revanche, c'est Ryan Adams, le petit surdoué d'une country intelligente, folk et rocailleuse qui se montre plus proche que tout autre de 'l'esprit' de Hank Williams. Il ne faillit pas à son talent avec un très pur et très roots "Lovesick blues". Quant à Johnny Cash il serait capable de transformer n'importe quelle daube en magnifique ballade, alors quant c'est du Hank Williams... A boire et à manger dans cet hommage, mais une réelle volonté de faire sobre et authentique.