Twin Peaks - Music from the limited event series

Compilation

par Cédric Antoine le 07/03/2018

Note: 6.5    

Dans la nouvelle saison de "Twin Peaks", à défaut d'avoir éclairci le meurtre de Laura Palmer, Lynch se sera permis une fois de plus de faire joujou avec sa série et sa bande-son. La BO proprement dite, toujours produite par Badalamenti sort en parallèle à cette compilation de tous les guests musicaux présents dans cette troisième saison. Coup double donc, l'idée est bonne même si le concept n'est pas nouveau

En effet depuis Tarantino et ses BO mixées de morceaux récents, instrumentaux  et perles old school voire kitsches, la mode s'est déclinée à l'infini, des frères Coen ("The big Lebowski") à James Gun ("Les gardiens de la galaxie"). Le concept est : soit on reste dans l'ambiance du support filmé, soit on part à contre courant provoquant un décalage scène/musique, souvent afin d'apporter un effet comique ou dédramatisant. Le meilleur exemple : la fameuse scène de torture de "Reservoir dogs" sonorisée par "Stuck in the middle with you".

Dans cette BO on restera plus volontiers dans la première catégorie. Beaucoup de morceaux assez mainstream, pour ne pas dire inintéressants, mais qui collent relativement bien à l'ambiance de la série dépoussiérée. On pensera à "Shadow" de Chromatic ou <span style="mso-bidi-font-style: normal">"Lark"<i style="mso-bidi-font-style: normal"> de Au Revoir Simone, énièmes groupes de dream pop à la voix féminine sybilline et mollasse. Souvent dans ces films et séries américains dont l'intrigue se passe loin de L.A ou New York il est de bon ton de nous rappeler qu'on est chez les bouseux du midwest ou en tout cas loin des grandes villes ultra modernes. On a donc automatiquement droit au revival country et/ou à la ballade folk blanche : The Cactus Blossoms ou Sharon van Etten, la soeur cachée de Cat Power. On notera également la présence de Rebekah del Rio déjà présente dans "Mulholland Drive", dont Lynch est manifestement fan.

Du côté des satisfactions on retiendra le trop méconnu (en France en tout cas) Eddie Vedder dont la voix écorchée fait toujours son effet même sans ses compères de Pearl Jam. Un ou deux morceaux un peu plus trash proposés par l'inénarrable Trent Reznor (Nine Inch Nails), dont le rock hard gras et vicieux ne dépare jamais, et des plus méconnus neo-zélandais The Veils, dont "Axolotl" est plus qu'intéressant .

Du coté des perles old school : un bon vieux Otis Redding, très souvent présent sur ce genre de format,  mais fait plus rare en live cette fois. Cette version de "I've been loving you" nous renvoie en pleine face ce que doit être une voix soul. Puis un petit "I love how you love me" des trop injustement oubliées Paris Sisters dont un paquet de chanteuses devraient s'inspirer pour chanter la douceur avec justesse. Mention spéciale au retour de Julee Cruise qui chante le générique de façon aussi magistrale qu'il y a vingt-huit ans. Et dire que la rockeuse qui jouait Joplin dans une comédie musicale n'aimait pas particulièrement Lynch et que son répertoire était très éloigné de ce qu'il allait devenir quand Badalamenti l'a prise en main comme "un réalisateur avec un acteur". Culte donc.

Une revue de répertoire somme toute assez classique. On arrive à un bon fifty-fifty en terme d'intérêt musical pur, mais qui renverra toujours à la série et à son ambiance ce qui est indubitablement un plus.


EDDIE VEDDER Out of sand (Twin Peaks 2017)