Un espace dans l'espace : label Atrium

Compilation

par Francois Branchon le 13/08/1999

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Eufrosyna (Eventide)


Pochettes aux paysages désolés, musiques sobres et épurées, le label Atrium vient de Suède et n'incite pas à première vue à sabrer le champagne. Avec une esthétique lorgnant ouvertement du côté de la frigidité "ECM", on s'attend à un remake made in Stockholm du label allemand. Finalement pas du tout, car si l'esthétique, le son et l'apparence sont celles de l'austérité érigée en dogme, les musiques se laissent volontiers apprivoiser et gageons que les amateurs de musiques répétitives (Reich, Riley, Glass, Mertens...) comme ceux de la sensualité nordique (Garbarek, Pärt...) y trouveront largement leur compte. Ces musiques ne "s'affichent" pas, ne se laissent pas porter en bandoulière, mais réclament du temps, de l'attention, un désir de réception presque mystique, pour finalement s'offrir en orgasme soyeux, gorgé de beauté désespérée, quête d'une impossible lumière, prisonnière de terres froides, de matins brumeux et d'une nuit qui tombe dès la sieste. Les violons sont plaintifs lorsqu'ils sont solitaires (Eventide), insistants quand sont en bandes ou en processions (Triptyk). La basse au pédalier d'orgue ou sur les cordes des contrebasses est profondément triste et belle (Eventide), hypnotique et répétitive (le morceau "Eufrosyna", traversé de gémissements de violons livrés à eux-mêmes, est d'un bouleversement émotionnel rarement atteint, même s'il frôle la complainte morbide). A l'exception de Malgomaj, groupe du saxophoniste Jonas Knutsson, proposant un jazz-folk-ambient sans relief ni profondeur assez vite lassant, les groupes présents, ces Eventide, Triptyk, Angel Archipelago, The Eternal ou Enkidu, tous inconnus par ici, sont d'une remarquable homogénéité. Ils créent le "son Atrium" et installent le label comme une probable future source de découvertes.