Michael Nau et Whitney McGraw ont tourné la page du groupe Page France (du rock indé américain parfois proche de Wilco) après trois disques (2004-2007), et écrivent à deux une suite plus intime sous le nom de Cotton Jones.
Ce deuxième disque rétropédale doucement, en regardant vers les sixties à travers un filtre léger, chaleureux et engourdissant – dont le groupe Girls pourrait être le versant le plus pop. "Sail of the silver mornin" lézarde et sommeille au soleil comme du Mamas & Papas ; côté Mama, la voix de femme-enfant de Whitney, et pour Papa Michael on s'est pris à penser à Roy Orbison, pour cette approche assez narrative pas fortement arrimée à la structure couplet-refrain. Cotton Jones recouvre ses chansons d'un cocon contemplatif à base d'orgue et d'écho ("Place in the street", "Song in numbers", la courte transition "Soft mountain shake" avec ses choeurs chipés au "Knockin' on heaven's door" de Bob Dylan). L'ensemble est délicatement équilibré, écrit avec soin ("Man climbs out of the water"). L'influence de Brian Wilson se profile sur "Glorylight and Christie" (clochettes, percussions) pour éclater au grand jour avec l'instrumental "More songs for Margaret", au départ joyeusement foutraque avant une rapide remise en ordre réglée comme sur une partition de "Pet sounds" (le morceau titre). Autour d'une guitare boogie toute simple, plus cuivres, clochettes, guitares, et orchestre, c'est un exercice de style subtilement court qui laisse une impression fugace et agréable, à l'image de tout "Tall hours in the glowstream".