New York 1977 : une vague impressionnante de nouveaux groupes
déferle sur le monde, Ramones, Talking Heads, Blondie, Richard Hell,
DMZ, Willie Alexander, Suicide... derrière chacun des premiers
albums, un nom au dos : Craig Leon. L'ancien assistant de Richard
Gotteher les a tous produit, lui conférant une aura de sorcier
génial.
Pourtant Leon ne sortait pas de nulle part, avec une première vie
antérieure dans le classique (!) et une deuxième, au début des
seventies, en Jamaïque en manieur de dub avec quelques pointures du
coin. Un parcours éclectique qui dès 1980, en parallèle de la
scène rock new-yorkaise qu'il continuera d'animer jusque dans les
années quatre-vingt-dix (Beat Farmers, Jeffrey Lee Pierce,
"Tallulah" des Go-Betweens, The Fall, Front 242, Shawn Phillips, The Pogues, le come back de Blondie
et même Gamine chez nous c'est encore lui) le voit se lancer dans une
improbable carrière solo électro pop. Sa première œuvre "Nommos",
conte la rencontre d'un alien avec des Dogons (Leon avait été
impressionné par une expo à leur sujet en 1973 au Brooklyn Museum).
Malgré sa notoriété de producteur en vogue - ou pour rester
discret ? - elle ne sera publiée que sur le confidentiel label
Takoma de John Fahey. Suivra "Visitation", sur les mêmes
traces. Fours commerciaux, les deux albums seront réédités couplés
plus tard sous le titre pompeux d'"Anthology of interplanetary
folk music Vol.1".
Craig Leon sort aujourd'hui du silence pour publier sa suite, "Anthology of interplanetary folk music
Vol.2". Réunissant des morceaux conçus au cours des deux
dernières années, Leon y poursuit sa fascination pour les Dogons.
Mais ne pas se méprendre sur le qualificatif "folk". Ici
ne sont que plages électroniques ambient, longs développements
languides, méditations transcendantales, et si l'on cherche les
références africaines, on en décèlera des traces dans certaines
intros électroniques à la Pierre Henry (côté "Messe pour le
temps présent") ou des séquences de percussions qui ont du mal
à ne pas sonner new age. Les amateurs de Jon Hassell ou de
Brian Eno de la période "Music for airports" seront les
premiers concernés.