A trente ans de distance, c'est un gouffre qui sépare aujourd'hui Albarn de son alter-ego médiatique Gallagher. Un gouffre culturel, une différence de classe évidente, l'oeuvre multiple et riche de l'ex-Blur faisant constat.
Album rejeton du confinement, "The nearer the fountain, more pure the stream flows" prend ses racines en Islande où Albarn possède une résidence, un refuge remontant aux années-excès de la Blurmania. Avec sous le bras des bandes conçues in situ, les musiciens priés de s'inspirer visuellement de la nature islandaise, Albarn a profité de son enfermement contraint en Angleterre pour s'approprier les enregistrements, et faire tout un travail solitaire de post-production : composer au piano, écrire des textes, y poser sa voix.
Il est étrange d'apprendre, en fouillant sa biographie, que le daron d'Albarn fut un temps manager de Soft Machine ! Car "The nearer the fountain, more pure the stream flows" fait méticuleusement penser, ou plutôt ressentir, la magie éthérée et confidentielle du "Rock bottom" de Robert Wyatt, le côté esbaudi en moins, une tristesse résignée en plus.