Il sogno di Diego

David Patrois

par Sophie Chambon le 22/02/2007

Note: 9.0    

On reconnaît tout de suite la manière virtuose, sensible, énergique et rebondissante de cet ensemble où chaque instrumentiste possède un son superbe et unique et l'on se laisse embarquer dès la première mesure, dans un tableau sonore des plus plaisants. Ils ne sont pas trois mais "trois plus deux", c'est d‘ailleurs le sous-titre de l'album - du moins sur neuf des treize compositions.

Reposant sur des contrastes de volumes et de lignes, de textures et de timbres, l'alchimie de cette musique tient au subtil dosage des interventions de solistes généreux qui savent aussi se fondre à merveille dans le collectif. Le leader David Patrois a un incontestable talent de compositeur et s'il ne joue pas seulement des vibraphone et marimbas (dont on se réjouit qu'ils reviennent à la mode), sa musique a une qualité délibérément chantante, avec des crescendos nombreux qui entraînent dans un vertige enivrant.

Une grande partie du plaisir vient de ce son d'ensemble qui donne toute sa cohérence à l'album ainsi que de la nervosité frémissante qui le parcourt depuis l'inaugural "Au quatrième top" jusqu'au final "Quazar", y compris dans les titres en trio "Ptit bout". Une formule colorée, à l'assise généreuse (les baguettes expertes de Luc Isenmann, sans être trop envahissantes, répondent et relancent de façon décisive), sans contrebasse. Les seules cordes entendues sont celle de Pierre Durand, et on ne peut que louer le choix d'une guitare doucement électrisée comme dans "St Barnabé". Seb Llado, le tromboniste de l'ONJ de Barthé, que l'on retrouve toujours avec plaisir, signe une composition "Dernières danses" aux sensuelles envolées et offre au sopraniste Jean Charles Richard qui barytone aussi avec conviction, une belle échappée, avant d'imposer entre cuivre et souffle, une mystérieuse liaison, un son retenu, velouté ou vibrant dans son attaque. Un disque réjouissant, élégant, qui nous tient en éveil, une mise en jeu du corps et du plaisir.