Here to there

DJ Spinna

par Alexandre Leroy le 14/03/2003

Note: 10.0    

Moitié du groupe hip-hop Jigmastas (avec Mc Kriminul) et remixeur de génie pour des artistes divers et variés (Mos Def, Pharoahe Monch, Shaun Escoffery ou... George Michael), Dj Spinna présente aujourd'hui "Here to there", album solo auréolé de la marque du prestigieux club 'Beat Generation'. La liste des artistes appartenant à ce cercle très fermé de
producteurs éclectiques (rien moins que Jay Dee, Pete Rock, Jazzy Jeff, Marley Marl, Will.i.am de Black Eyed Peas...) laissait espérer une petite merveille, les espoirs ne sont pas déçus. Spinna a taillé des productions sur mesure à tous ses invités. Des beats simples et dépouillés, tel celui de "Tune you out" que Rise habite au micro de sa grosse présence. Des sons relax pour Mc Kriminul et Akil ("You got to live"). Des prods soul ou r'n'b qui mettent à l'honneur de vrais chanteurs (Ovasoul7, Angel Johnson...) sans pour autant verser dans le 'mainstream' facile. A cet égard, "Idols" en compagnie de Vinia Mojica est un vrai bijou où l'extraordinaire voix de celle qui a travaillé avec Black Star, De La Soul et Hi-Tek, est soutenue par un beat versatile mais harmonieux, grâce à un xylophone entêtant. Loin d'être sirupeux, l'album regorge de surprises comme le spoken word politique et enragé de The Bedouin, qui n'est pas sans rappeler Public Enemy, ou bien la house de "Music in me" (feat. Shaun Escoffery, avec Ronny Jordan à la guitare) : ce morceau est parfaitement intégré à l'ensemble de l'album, une réussite que n’avait pas atteint un Jazzy Jeff, quand il reléguait en queue de son album "The magnificent" le dispensable "In time". Créditant sa MPC 3000 d’instrument de musique à part entière, Dj Spinna n'hésite pas à s'exprimer pleinement sur des instrumentaux qui sont plus que de simples interludes. C’est son originalité et c’est réjouissant. Il y mélange toutes ses influences dans de longues séquences funky à outrance, où les scratches subtils soulignent l’orgue, les djembés et les cuivres, explorant un monde déjà bien au-delà du hip-hop. Des titres si bons ("Galactic soul", "All up in it", "Rock", "The originator") que leurs cinq ou six minutes passent à une vitesse hallucinante, leur complexité et leur richesse créant une constante progression, évitant ainsi l'ennui, danger qui guette généralement les longs instrus hip-hop. En un mot, cet album est enivrant.