Celestial mechanix (The blues series mastermix)

DJ Spooky That Subliminal Kid

par Hugo Catherine le 14/04/2005

Note: 6.0    

Rythmique hip-hop, gimmicks accrocheurs et cymbales cinématiques, l'air du temps urbain est dans la boîte, en double cd de surcroît : un premier disque de remixes, un second mixé en continu, "The continuous mix" nous dit-on. Nous, on se dit, gros flow, grosse basse, gros beat. Finalement, ce sera un peu en-dessous de tout cela.

L'album de DJ Spooky pouvait s'avérer particulièrement réconciliateur en logeant à la même enseigne les fondus de hip-hop de bourgades plus ou moins suburbanisées et les sujets branchés de centres villes-musées. Pourtant il risque de se réduire à un état des lieux des passages obligés de tout cool urbain qui se respecte. Sans oublier les plâtrées passagères d'engagements socio-politiques de bon aloi lorsque notre alter DJ s'en prend à la guerre en Irak et aux agissements onusiens.

Et la musique dans tout cela ? Ici, elle est définitivement urbaine, mêlant hip-hop et jazz. Tout le panache du XXème urbain en deux albums ? Pas tout à fait car le mélange des deux genres ne produit rien d'exceptionnel, rien d'étourdissant, ni pour le jazzman averti, ni pour le breakdancer allumé. Les interactions et les échanges attendus se muent en superpositions de circonstance.

Le signe le plus révélateur des limites du copier/coller/couper/découper de DJ Spooky est peut-être le fait que le mix lui-même sonne faux. Les transitions entre les pistes se font par nappes arrangeantes (cuivres, vibraphone, voix, scratches) et trop rarement par beats surprenants. Nous pourrions presque y voir une forme de fainéantise musicale. Le mix est ainsi régi par des enchaînements qui relèvent davantage d'associations d'idées vaguement thématiques plutôt que de performances rythmiques novatrices. En fait, la différence entre la logique du premier volet de l'album, les remixes, et celle de la seconde partie, le mix, n'est pas aussi pertinente que prévue. "The continuous mix", voilà un bien grand mot pour une bien mince affaire.

Entre les nombreuses phases d'attente, de transition, il ressort de cette musique de passage comme une tentation de zapping, un zapping de cool certes, mais un zapping quand même. DJ Spooky parvient ici à être tout à la fois moins mélodique que DJ Cam et moins rêche que DJ Krush. Son numéro d'équilibriste se transforme donc en mauvais compromis. Il peine à nous surprendre.